Le Sénat américain a infligé jeudi un camouflet à Barack Obama en refusant de mettre fin à des subventions publiques en faveur des compagnies pétrolières, peu après que le président eut appelé les parlementaires à «être solidaire des Américains» en période d'essence chère.

Les élus de la chambre haute du Congrès ont rejeté une proposition de loi présentée par le sénateur démocrate du New Jersey (est) Robert Menendez, qui prévoyait d'abroger les allègements fiscaux censés inciter les compagnies pétrolières à prospecter aux États-Unis.

Les adversaires républicains de M. Obama ont mis à profit leur minorité de blocage pour empêcher ce texte de progresser vers une adoption: si 51 des élus ont voté en sa faveur et 47 contre, 60 votes étaient nécessaires.

Le porte-parole de la Maison-Blanche, Jay Carney, a regretté un «vote malheureux» et promis que M. Obama continuerait à lutter contre ces subventions qui ne se justifient plus selon lui alors que les cours très élevés du brut suffisent à inciter les compagnies pétrolières à exploiter davantage d'or noir.

Sur un sujet lié, M. Carney a par ailleurs indiqué que les États-Unis n'avaient pas encore décidé de puiser dans leurs réserves stratégiques de pétrole, malgré des déclarations de responsables gouvernementaux français affirmant que Washington avait donné son accord à une telle mesure dans le cadre de l'Agence internationale de l'énergie (AIE).

Le vote du Sénat a eu lieu moins d'une heure après que M. Obama eut estimé, lors d'une intervention dans la roseraie de la Maison-Blanche, que les élus avaient le choix entre «être solidaire des grosses compagnies pétrolières (et) être solidaire des Américains».

«L'année dernière, les trois plus grosses entreprises pétrolières ont effectué des bénéfices de plus de 80 milliards de dollars (...) Et lorsque le prix du pétrole augmente, les prix de l'essence à la pompe augmentent, et les bénéfices de ces entreprises aussi», avait ajouté le président.

Le dirigeant démocrate, en campagne pour sa réélection en novembre, a multiplié les déplacements et les interventions publiques ces dernières semaines pour défendre sa politique énergétique, sous le feu des critiques des républicains qui ont tenté de lui faire endosser la responsabilité de l'essence chère.

Il a en particulier souligné que forer à outrance aux États-Unis, comme le proposent certains candidats à l'investiture républicaine, ne ferait pas baisser notablement les cours d'un produit négocié sur les marchés mondiaux, et renchéris selon lui de 20 à 30 dollars par baril en raison des tensions actuelles en Iran et dans tout le Moyen-Orient.

Jeudi, M. Obama avait en outre estimé que l'argent des subventions publiques aux grandes compagnies pétrolières, estimé à quatre milliards de dollars par an par la Maison Blanche, serait mieux employé à développer des énergies «vertes».

Le Congrès «peut soit voter pour dépenser des milliards de dollars en subventions pétrolières qui nous laissent prisonniers du passé, soit mettre fin à ces subventions pour que nous puissions investir dans l'avenir», avait-il développé.

Dès mercredi, le chef de la minorité républicaine au Sénat Mitch McConnell avait ironisé sur un projet de loi «hypocrite» qui «ne fait rien» contre l'essence chère. Selon lui, «les démocrates envoient un message simple» aux Américains souffrant des prix de l'essence: «habituez-vous».