Les terres rares sont de nouveau au coeur du grand jeu commercial qui oppose les États-Unis, le Japon et l'Union européenne, d'un côté, et la Chine de l'autre. Les trois premiers ont déposé hier une plainte à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) pour forcer la Chine à lever ses restrictions d'exportations de terres rares, des minéraux essentiels dans plusieurs applications technologiques.

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Les trois plaignants accusent la Chine de contrevenir aux règles du commerce international et de favoriser indûment les manufacturiers chinois en limitant depuis 2009 les exportations de terres rares, de même que de tungstène et de molybdène. La Chine fournit au marché mondial plus de 90% des terres rares, 91% du tungstène et 36% du molybdène. Les utilisateurs sont dépendants des exportations chinoises.

Hier, le président Barack Obama a affirmé qu'il ne laisserait pas la Chine «contourner les règles» du commerce international au détriment des industries américaines. L'Union européenne a indiqué que la Chine n'avait donné aucun signal de vouloir ouvrir le robinet des exportations de terres rares, malgré une décision récente de l'OMC qui estimait que des restrictions touchant une autre série de matières premières (magnésium, manganèse) violaient les règles commerciales.

Réplique de Pékin

Pékin répliqué en s'attaquant directement à Washington, par le biais de l'agence officielle Xinhua: «La décision américaine de déposer une plainte [...] risque de nuire aux liens commerciaux bilatéraux et d'entraîner un contrecoup de la part la Chine plutôt que de réconcilier les positions.» La Chine soutient que sa politique d'exportations de terres rares est «raisonnable» et qu'elle vise à diminuer les dommages environnementaux résultant de plusieurs décennies d'extraction abusive de ces minéraux.

La procédure enclenchée hier prévoit l'ouverture de consultations entre les parties. Si le différend n'est pas réglé au bout de 60 jours, les plaignants pourront demander à un groupe spécial de l'OMC de trancher la question.