L'économie des États-Unis semble ignorer les difficultés de l'Europe et le ralentissement chinois, au vu d'une série d'indicateurs publiés jeudi et témoignant que la croissance américaine gagne de l'élan.

Selon le département du Travail, les nouvelles inscriptions au chômage sont tombées à leur niveau le plus faible en un peu plus de trois ans et demi dans la semaine du 4 au 10 décembre.

Après l'annonce officielle, au début du mois, d'une baisse du taux de chômage à 8,6% en novembre, son niveau le plus bas depuis le printemps 2009, les chiffres du ministère suscitent de l'optimisme.

«C'est une nouvelle inattendue et formidable», s'enthousiasme Ian Shepherdson, économiste du cabinet HFE, pour qui «la déprime du marché de l'emploi du printemps et de l'été semble avoir été laissée loin derrière».

Son confrère Michael Gapen, de Barclays capital, y voit un signe annonciateur d'une accélération des embauches «dans les mois qui viennent».

Parallèlement à l'annonce du ministère, d'autres indicateurs sont venus confirmer que les usines du pays, moteur principal de la reprise, continuent de tirer l'économie américaine.

La production manufacturière a certes reculé en novembre de 0,4% par rapport à octobre, selon les chiffres de la banque centrale (Fed), mais celle-ci a revu à la hausse l'ampleur de sa progression, ininterrompue, sur les six mois précédents.

Dans la mesure où la moitié du recul de novembre s'explique par une baisse de la construction automobile, par nature assez volatile, nombre d'analystes voient le recul de la production manufacturière de novembre comme un accident de parcours normal et sans lendemain.

D'autant plus que les deux premières enquêtes régionales avancées, publiées jeudi, également par la Fed, montrent une accélération de la production manufacturière au tournant de décembre à un rythme inédit depuis le printemps dans les régions de Philadelphie (Nord-Est) et de New York.

Ces deux enquêtes témoignent également d'une nette amélioration des perspectives des industriels pour les six mois à venir.

Pour Paul Edelstein, du cabinet IHS Global Insight, rien ne remet en cause le fait que le secteur manufacturier est «un rayon de soleil pour la lente reprise américaine, grâce à la forte demande en provenance de l'étranger».

Alors que les indicateurs économiques en provenance de Pékin confirment le ralentissement de la croissance chinoise et que l'Europe dans son ensemble semble se diriger inéluctablement vers une nouvelle récession, les dirigeants de la Fed ont estimé mardi que l'économie américaine poursuivait «une expansion modérée».

Pour le cabinet Macroeconomic Advisers, le PIB américain, qui n'a augmenté officiellement que de 2,0% en rythme annualisé au troisième trimestre est parti pour afficher une croissance de 3,7% sur les trois derniers mois de l'année.

La banque Goldman Sachs avance le chiffre de 3,5%. Un de ses économistes, Andrew Tilton, note que c'est «nettement mieux» que ce qu'on pouvait «espérer ne serait-ce qu'il y a quelques semaines» et que cela devrait se faire sentir bientôt sur l'emploi.

Reste qu'à plus long terme, la situation en Europe et en Chine risque fort de peser sur la croissance des États-Unis, surtout si, comme le note M. Edelstein, «la demande intérieure ne parvient pas à prendre le relais» de ces marchés, ce qui reste fort probable au vu des difficultés financières des ménages américains.