La forte progression des ventes de détail américaines de septembre annoncée vendredi contribue à rassurer sur l'état de l'économie des États-Unis et à apaiser les craintes d'un retour de ce pays à la récession en dépit de la faiblesse du moral des ménages.

Selon le département du Commerce, les ventes de détail ont connu leur croissance la plus forte en sept mois, en progressant de 1,1 % par rapport au mois d'août, soit bien plus que le pensaient les analystes, dont l'estimation médiane donnait une hausse de 0,6 %.

Cette progression été tirée par un fort rebond dans le secteur automobile (+3,6 %), sans équivalent en un an et demi et signe que les problèmes provoqués par la perturbation de la chaîne d'approvisionnement des constructeurs après le séisme japonais de mars commencent à s'estomper.

Même s'ils ne tiennent pas compte des services, qui représentent environ les deux tiers de la consommation des ménages, les chiffres du ministère laissent penser que la consommation, qui assure environ 70 % du PIB du pays, continue de progresser malgré le moral en berne des ménages.

Selon l'indice de confiance des consommateurs publié vendredi par l'université du Michigan, celui-ci s'effrite de nouveau après un léger mieux en septembre, et n'est plus très loin de ce qu'il était en août, où il avait touché son niveau le plus faible depuis novembre 2008.

«L'économie ne fait pas preuve d'une forme vigoureuse, mais elle est loin de s'écrouler», estime Joel Naroff, de Naroff Economic Advisors.

«Nous sommes dans un cycle de reprise lent mais ferme malgré les à-coups, et qui ne crée pas beaucoup d'emploi», juge-t-il, déplorant que «l'attention intense portée à la situation de l'emploi occulte le processus» d'amélioration de l'économie.

De ce point de vue, estime son confrère Ian Shepherdson, du cabinet HFE, la baisse du moral des ménages d'octobre «est beaucoup moins inquiétante» que ce qu'un tel recul aurait signifié par le passé.

Pour lui, la baisse du moral est clairement liée à la baisse de la Bourse (dont dépendent les économies de nombreux Américains) observée depuis juillet. Le PIB, dit-il, ne mesure pas le sentiment des agents économiques, mais leurs dépenses, et celles-ci «résistent plutôt bien».

Plusieurs instituts ont revu à la hausse leur évaluation de la croissance du troisième trimestre au vu des chiffres du ministère.

Barclays Capital, a ainsi revu son estimation en hausse de 0,5 point, à 2,5 %, tout comme Unicredit, qui a relevé sa fourchette à 2,0-2,5 %, tandis que  Macroeconomic Advisers table désormais sur 2,7 % (contre 2,1 % jusque-là).

Si l'une ou l'autre de ces estimations devait s'avérer, cela témoignerait d'une amélioration notable par rapport au 1,3 % de croissance relevé officiellement au deuxième trimestre.

«Depuis une ou deux semaines, les chiffres que l'on voit à travers le monde sont plutôt encourageants», et les «craintes manifestées pendant l'été» d'un ralentissement économique marqué généralisé «ont diminué un peu», a estimé le secrétaire au Trésor Timothy Geithner sur la télévision CNBC.

«Ne sortons pas le champagne» pour autant, conseille néanmoins Chris Christopher, rappelant les «nombreux problèmes» qui frappent les consommateurs, en particulier le niveau élevé du chômage et celui de l'inflation, qui rogne les maigres hausses de revenu des ménages.