La Réserve fédérale américaine (Fed) doit agir sans tarder et avec force pour soutenir l'économie du pays, plus qu'elle ne le fait déjà, a déclaré mercredi un de ses dirigeants, Charles Evans.

«Nous devons agir maintenant de manière vigoureuse», a déclaré M. Evans, président de l'antenne de la Fed à Chicago, à l'occasion d'un discours prononcé à Londres et dont le texte a été publié en ligne par la Réserve fédérale.

«Étant donné que nous nous en sortons vraiment très mal pour atteindre notre objectif pour l'emploi (...) la Fed devrait considérer sérieusement des actions qui assoupliraient considérablement sa politique monétaire», indique son texte.

La Fed a pour double mission d'assurer le plein emploi et la stabilité des prix. Pour ses dirigeants, ces deux objectifs correspondent au sens le plus large à un taux de chômage compris entre 5,0 et 6,0% et une inflation de 1,5 à 2,0%.

M. Evans fait valoir que le taux de chômage (9,1% en août) est plus de trois points au-dessus de l'objectif et que si une telle chose arrivait pour l'inflation, il n'y aurait «aucun doute» que «tout banquier central digne de ce nom agirait avec force pour combattre un taux d'inflation aussi élevé».

Il note que les actions qu'il propose «augmenteraient le risque» d'une inflation «temporairement supérieure» à 2,0%.

L'indice des prix servant de référence à la Fed a affiché une hausse de 2,8% sur un an en juillet, mais M. Evans pense que l'on peut autoriser à moyen terme une inflation un peu plus forte que ce qui est voulu, dans la mesure où tout indique selon lui que la hausse des prix devrait converger légèrement au-dessous de 2,0% à plus long terme.

La Fed a déjà injecté des centaines de milliards de liquidités dans le circuit financier. Elle maintient son taux directeur quasi nul depuis décembre 2008.

M. Evans estime que la banque centrale peut encore augmenter son concours financier à l'économie par un «simple» engagement à maintenir son taux directeur quasi nul «tant que le taux de chômage n'aura pas baissé considérablement (....) à 7,5%, voire 7,0%, et tant que l'inflation à moyen terme reste inférieure à 3,0%».

La Réserve fédérale a décidé le 9 août d'intensifier son soutien à une reprise de l'économie américaine qui s'enlise en s'engageant à maintenir son taux directeur quasi nul «jusque mi-2013» si les conditions le justifient.

Estimant que la Fed ne peut plus en faire davantage sans faire courir de grands risques pour l'équilibre de l'économie à moyen terme, trois membres du Comité de politique monétaire de la Fed (FOMC) ont voté ce jour-là contre la décision prise, ce qui n'était pas arrivé depuis 1992.

M. Evans fait partie au contraire de la poignée de dirigeants de la Fed qui aurait voulu voir le FOMC aller plus loin en août, et il compte faire valoir ses vues lors de la prochaine session du Comité, prévue pour les 20 et 21 septembre.

Cette réunion a été prolongée d'une journée pour permettre aux dirigeants de débattre amplement alors qu'ils apparaissent très divisés sur la marche à suivre.

Arbitre et donnant l'orientation du débat, le président de la Fed, Ben Bernanke, doit s'exprimer publiquement jeudi sur «les perspectives de l'économie américaine».