La Réserve fédérale américaine a encore des munitions pour soutenir la croissance, si nécessaire, mais c'est à la classe politique de trouver les moyens de relancer le marché de l'habitation et du travail à court terme, tout en stabilisant la dette à long terme.

Pour l'immédiat, son président Ben S. Bernanke a indiqué hier, à la réunion annuelle des banquiers centraux et des ministres des Finances à Jackson Hole, que la prochaine réunion du Comité monétaire de la Fed, prévue le 20 septembre, durera une journée de plus. Ce prolongement permettra à ses membres de mieux jauger «les avantages et les coûts relatifs» des «outils susceptibles d'être utilisés pour ajouter du stimulus monétaire».

À la différence de l'an dernier, M. Bernanke n'a pas indiqué ni soupesé les diverses options dont disposent les autorités monétaires. Néanmoins, les intervenants sur les marchés nord-américains ont accueilli favorablement cette nouvelle, si on en juge par les gains des grands indices américains.

La Fed s'est engagée en août dernier à maintenir pendant au moins deux ans son taux directeur dans la fourchette minimale de 0 % à 0,25 %, mise en place en décembre 2008.

À moyen et à long terme, la Fed va contenir l'inflation, ce qui est de nature à assurer la stabilité financière et macro-économique.

«La plupart des mesures économiques qui soutiennent une croissance robuste à long terme ne relèvent pas de la banque centrale», a-t-il cependant précisé.

Il a rappelé que le débat politique houleux qui a entouré le relèvement du plafond de la dette, plus tôt cet été, avait miné la confiance des entreprises, des ménages et des investisseurs étrangers qui achètent la dette américaine.

«Même s'il faut s'attaquer de manière urgente à la soutenabilité de la question fiscale, les artisans de la politique fiscale ne doivent pas négliger la fragilité de la reprise actuelle, a-t-il souligné. Mettre en place dès maintenant un plan de réduction des déficits à long terme tout en demeurant attentif aux implications des choix fiscaux sur la reprise à court terme peut servir à l'atteinte des deux objectifs.»

Aux yeux de Stéfane Marion et de Paul-André Pinsonnault de la Banque Nationale, M. Bernanke envoie un message clair. «La Réserve fédérale fera tout ce qu'elle peut, mais il semble que sa préférence soit de le faire en conjonction avec un plan budgétaire qui contribuerait à la solution plutôt que de lui nuire.»

Si la reprise est si lente et si la croissance restera molle au cours des prochains trimestres, c'est à cause du marasme dans les marchés de l'habitation et du travail, a indiqué M. Bernanke.

Comme pour lui donner raison, le département du Commerce avait publié quelques minutes plus tôt des données révisées sur la croissance annualisée au deuxième trimestre. Elle est ramenée de 1,3 % à 1,0 %, seulement, car on avait initialement surestimé l'apport du commerce extérieur.

C'est un autre signe toutefois que l'économie américaine n'est pas la seule à avoir ralenti. Mercredi, Statistique Canada devrait confirmer que la nôtre a au mieux fait du surplace, d'avril à juin, tout comme la française et l'allemande.

«À court terme, remettre les gens au travail diminue les souffrances provoquées par les difficultés économiques tout en s'assurant que notre économie produise à son plein potentiel au lieu de laisser en jachère une partie de ses forces productives», a-t-il plaidé.

À Obama de jouer

«Bernanke donne son appui implicite à un prochain train de mesures par le président Obama qui pourrait ajouter un peu de stimulus maintenant en échange de coupes accrues à l'avenir, juge Avery Shenfeld, économiste en chef chez CIBC.

Le président de la Fed est même allé jusqu'à emprunter le ton de la réprimande à l'endroit des élus dont il a rappelé les responsabilités. Il souhaite plus de transparence et la définition d'objectifs et de mécanismes budgétaires à la fois clairs et crédibles. «Bien entendu, des mécanismes et des objectifs fiscaux clairs ne remplacent pas l'obligation des décideurs fiscaux de faire les choix difficiles nécessaires pour mettre de l'ordre dans la fiscalité. Cela signifie qu'il est crucial que la population comprenne et appuie les objectifs de la politique fiscale.»