Le président Barack Obama a défendu en public vendredi sa stratégie de réduction des déficits, alors qu'aucun accord ne se dégageait avec les élus du Congrès pour éviter aux États-Unis de se retrouver en défaut de paiement après le 2 août.

Combattre le déficit sans augmenter les recettes «est absurde» et serait «injuste» vis-à-vis de la classe moyenne, a affirmé M. Obama face à quelque 1350 personnes dans une université au nord de Washington.

À 11 jours du 2 août, date après laquelle les États-Unis risquent un défaut de paiement selon le Trésor si aucun accord sur la dette n'est obtenu entre la Maison-Blanche et le Congrès, M. Obama a par ailleurs rejeté une telle perspective.

«Faire défaut n'est pas envisageable», a lancé le président.

«En 2010, les Américains ont choisi un gouvernement divisé» en donnant aux républicains le contrôle de la Chambre des représentants, a-t-il rappelé. «Mais ils n'ont pas choisi un gouvernement dysfonctionnel (...) Vous vous attendez à ce que nous effectuions des compromis», a-t-il dit.

L'intervention du président s'inscrit dans une campagne tous azimuts pour tenter de gagner la bataille de l'opinion publique face aux républicains.

Depuis le début de ce feuilleton en mai, M. Obama a concédé que des économies étaient nécessaires, mais souhaité aussi mettre fin aux cadeaux fiscaux consentis aux plus riches par son prédécesseur républicain George W. Bush.

Les négociations devaient se poursuivre en coulisse pendant tout le week-end sur plusieurs plans de sortie de crise entre M. Obama et son principal opposant, le président de la Chambre des représentants John Boehner.

«Le week-end va être chaud ici à Washington», a dit vendredi M. Boehner lors d'une conférence de presse, en répétant qu'aucun accord n'était encore «proche».

M. Boehner faisait allusion à des informations de presse jeudi selon lesquelles M. Obama et lui étaient sur le point de parvenir à un accord sur une réduction des dépenses de 3000 milliards de dollars. Les deux camps l'ont énergiquement démenti.

M. Obama s'est prononcé pour un plan d'économies ambitieux de 4000 milliards de dollars sur 10 ans, soit moins du tiers du plafond actuel de la dette, qui a atteint le montant record de 14 294 milliards de dollars depuis la mi-mai.

De leur côté, les républicains de la Chambre ont adopté cette semaine un projet de réduction drastique des dépenses. Mais le Sénat a écarté vendredi, par 51 voix contre 46, ce plan qui était de toute façon menacé de veto par M. Obama.

Alors même que le Sénat votait vendredi, M. Boehner a continué à défendre son plan. «La Chambre a fait son travail. Nous avons donné au président une hausse du plafond de la dette», a-t-il dit à la presse.

Campant fermement sur ses positions, M. Boehner a évité l'épineuse question des impôts en assurant simplement: «Nous avons un problème de dépenses!» Il a ensuite conclu sa conférence de presse en lançant: «Dépensez moins! Au revoir!»

La base démocrate redoute de voir M. Obama accepter un grignotage d'acquis qui lui sont chers, comme les grands programmes sociaux. «Je le dis aussi bien au président qu'au président de la Chambre, au nom des démocrates, et je pense, de beaucoup de républicains: soyez très prudents», a prévenu vendredi en séance le chef de la majorité démocrate au Sénat, Harry Reid.