La baisse de l'indice général des prix annoncée vendredi aux États-Unis est encourageante pour le pouvoir d'achat des Américains et pour l'économie du pays, mais les menaces inflationnistes sont loin d'avoir disparu.

Selon le département du Travail, l'indice des prix à la consommation a reculé en juin pour la première fois depuis un an, de 0,2% sur un mois. Sa baisse a été entraînée par la chute des prix de l'énergie, en particulier de l'essence, dans le sillage du repli des cours du pétrole.

Néanmoins, l'inflation s'est maintenue à 3,6% sur un an, comme en mai, où elle avait atteint son niveau le plus élevé depuis octobre 2008.

Hors alimentation et énergie, elle a progressé en juin au même rythme rapide qu'en mai pour atteindre 1,6% sur un an, son niveau le plus élevé depuis janvier 2010.

Le recul de l'indice général des prix est une bonne nouvelle pour les consommateurs américains, dont le pouvoir d'achat s'est érodé depuis un an du fait, mais pas uniquement, du gonflement de leurs factures d'essence, dans un pays ou l'automobile est reine.

La baisse du pouvoir d'achat s'est fait lourdement sentir sur la consommation au premier semestre et, par ricochet, sur la croissance économique, qui est restée poussive, comme l'a indiqué jeudi le président de la banque centrale (Fed), Ben Bernanke.

Le recul des prix à la consommation de juin semble donner raison à la Fed, qui répète depuis plusieurs mois que les effets de la flambée du pétrole et des matières premières sur l'inflation devraient se dissiper progressivement.

Cependant, la prévision de la Fed selon laquelle l'inflation va revenir légèrement au-dessous de 2,0% sur un an, le niveau qu'elle juge souhaitable, est encore loin d'être accomplie.

«La chute des prix de l'essence soulage grandement les consommateurs, mais l'inflation continue de se disséminer dans l'ensemble de l'économie», résume Joel Naroff, de Naroff Economics Advisors.

Face à cela, «les revenus des ménages ne progressent pas assez rapidement», ajoute-t-il, «par conséquent, ceux-ci devraient continuer de restreindre leurs dépenses».

«La seule chose qui apparaît passagère dans les chiffres de juin, c'est la chute des prix de l'énergie», estiment les analystes de RDQ Economics, pour qui il n'y a «aucune preuve» que l'inflation va baisser et «les prix de l'essence sont en passe d'ajouter 0,2 point d'inflation en juillet».

Peter Newland, de Barclays Capital, voit au contraire «des preuves nouvelles d'un développement généralisé des pressions sur les prix».

M. Bernanke, a indiqué mercredi et jeudi au Congrès que son institution était prête à augmenter encore le soutien exceptionnel qu'elle fournit déjà à l'économie américaine afin d'éviter que la croissance ne vienne à caler.

Il y a cependant une condition: que l'inflation se soit calmée, ce qui n'est pas le cas. Pour l'instant, la Fed ne peut pas en faire plus «au vu de la tendance de l'inflation en toile de fond», estiment les analystes de RDQ Economics.

«Cela ne pourrait qu'aggraver l'inflation sans aider la croissance économique», estiment-ils.

M. Bernanke a d'ailleurs insisté jeudi sur le fait qu'une augmentation du concours financier de la Fed en faveur de l'économie était encore hypothétique à ce stade.

Plusieurs dirigeants de la Réserve fédérale ont déjà fait savoir qu'ils y étaient absolument opposés.