David Sokol, qui vient d'annoncer sa démission de la société de portefeuille Berkshire Hathaway (BRK.A), a affirmé jeudi qu'il n'avait rien fait d'illégal ou contraire à l'éthique en achetant des actions Lubrizol avant de suggérer l'acquisition de ce chimiste américain à son patron Warren Buffett.

«S'il y a eu un comportement inadéquat, il doit être examiné» mais «je ne suis au courant d'aucun et je pense n'en avoir eu aucun», a déclaré sur la chaîne financière CNBC M. Sokol, président de MidAmerican Energy et de Netjets, deux filiales du holding de Warren Buffett.

M. Sokol a assuré ne pas avoir été contacté par la SEC (Securities and Exchange Commission), et avoir inclus dans sa lettre de démission des informations sur ses achats d'actions de Lubrizol pour être «100% transparent».

Interrogé sur la possibilité d'avoir commis des actions illégales en achetant ces actions avant de suggérer le rachat de l'entreprise à M. Buffett, l'investisseur américain le plus riche et le plus respecté, il a répondu dans les deux cas: «non, pas du tout».

«Je pense qu'il n'y avait pas plus de 5% de chances que Berkshire achète cette entreprise», a-t-il ajouté.

Warren Buffett a annoncé mercredi soir la démission-surprise de David Sokol, qui était vu comme l'un de ses successeurs potentiels à la tête du holding.

Il a affirmé que M. Sokol, qui souhaite créer une structure d'investissement pour y placer l'argent de sa famille, lui avait soumis sa démission plusieurs fois depuis deux ans et qu'il l'avait toujours refusée. Mais il ne s'est pas opposé à la dernière lettre de démission de son collaborateur.

Dans un communiqué, M. Buffett a expliqué que M. Sokol avait acheté des actions de Lubrizol avant de lui suggérer au mois de janvier d'acheter le chimiste américain, une opération qui a eu lieu, pour 9,7 milliards de dollars, à la mi-mars.

«Au cours de nos premières discussions sur Lubrizol, Dave a mentionné qu'il possédait des actions de l'entreprise», explique M. Buffett, ajoutant ne pas lui avoir demandé plus de détails.

«Peu avant mon départ pour l'Asie le 19 mars, j'ai appris que Dave avait d'abord acheté 2300 actions de Lubrizol le 14 décembre, vendue le 21 décembre. Ensuite les 5, 6 et 7 janvier, il a acheté 96 060 actions dans le cadre d'un ordre de 100 000 actions avec un prix plafond de 104 dollars par titre», détaille M. Buffett.

«Ni Dave ni moi ne pensons que ses achats d'actions de Lubrizol aient été illégaux», affirme M. Buffett.

M. Sokol a par ailleurs affirmé sur CNBC qu'il «avait toujours recherché de possibles transactions dans lesquelles investir personnellement». Il a précisé que lorsqu'il pensait qu'il y avait «quelque chose qui pourrait intéresser Warren (il) le lui faisait passer».

Dans le cas de Lubrizol, «j'ai décidé d'acheter des actions, j'ai mentionné à Warren que je pensais qu'il y avait peut-être une opportunité pour Berkshire» d'investir dans l'entreprise, a-t-il poursuivi.

«Je lui ai dit que je détenais des actions et franchement je ne pensais pas qu'il avait un quelconque intérêt» pour le holding de racheter Lubrizol, a fait valoir M. Sokol, insistant sur le fait qu'il n'avait «aucun contrôle» sur les décisions d'investissement de Berkshire Hathaway.

«La solution alternative aurait été d'investir les actifs de ma famille et si j'estimais qu'il y avait une opportunité, de ne pas en toucher mot (à Berkshire Hathaway). Pour moi ça n'a aucun sens», a conclu M. Sokol.