Le renchérissement du pétrole se fait sentir sur les prix à la consommation aux États-Unis, mais la banque centrale (Fed) ne se montre pas inquiète du niveau de l'inflation.

L'indice des prix à la consommation publié jeudi par le département du Travail à Washington affiche une hausse de 0,5% sur un mois pour février. C'est sa hausse la plus forte depuis juin 2009.

Le ministère a indiqué que le renchérissement de l'énergie avait été le facteur «principal» de la hausse des prix à la consommation, mais a noté que la hausse des prix de l'alimentation continuait et qu'elle avait atteint 0,6%, son plus haut niveau depuis septembre 2008.

Les chiffres du ministère montrent une forte remontée de l'inflation en glissement annuel depuis plusieurs mois.

L'indice des prix à la consommation a ainsi progressé de 2,1% sur un an en février. C'est sa plus forte hausse depuis avril 2010.

Quant à l'inflation de base (hors alimentation et énergie) elle est remontée à 1,1%, après être tombée en octobre à 0,6%, son plus bas niveau depuis 1957 au moins.

La Fed a indiqué mardi qu'elle surveillait «de près» le niveau des prix, mais que «les mesures de l'inflation sous-jacente étaient modérées» à ses yeux.

Selon elle, les effets des pressions inflationnistes liées à la hausse du pétrole provoquée notamment par les soulèvements populaires au Moyen-Orient et en Afrique du Nord «seront passagers».

La banque centrale juge souhaitable que la hausse des prix soit comprise entre 1,6% et 2,0% sur un an.

Sa jauge de l'inflation n'est pas l'indice des prix à la consommation du ministère du Travail, mais une autre mesure publiée par le département du Commerce et qui était de 1,2% en janvier (dernier chiffre disponible).

Mais «peu importe», estime Joel Naroff, de Naroff Economic Advisors: «l'inflation est en train de s'accélérer», et la Fed se retrouve dans une «situation très difficile où les pressions inflationnistes augmentent» en même temps que les «incertitudes concernant la croissance».

La Fed a annoncé mardi qu'elle maintenait son taux directeur quasi nul et qu'elle comptait continuer de créer des centaines de milliards de dollars supplémentaires d'ici à la fin du mois de juin pour soutenir la reprise de l'économie américaine.

En théorie, une politique ultra-accommodante comme celle-ci a tendance à stimuler l'activité, mais aussi l'inflation, au contraire d'une politique restrictive (taux d'intérêt élevé), qui aurait tendance à contenir la hausse des prix.

En indiquant surveiller de près l'inflation, la Fed -dont la mission est d'assurer le plein emploi et la stabilité des prix, a reconnu implicitement qu'elle entrait dans une période où la poursuite de ces deux objectifs risquait d'imposer des arbitrages délicats.

Pour Alistair Bentley, analyste de TD Economics, deux facteurs tirent en sens inverse sur l'inflation: la hausse des cours du pétrole, et la sous-utilisation des capacités de production américaines résultant de la récession. Et ce grand écart représente «un nouveau défi pour la Fed», estime-t-il.

La tâche serait plus facile si la croissance gagnait en puissance. C'est ce que laissent présager les autres indicateurs publiés jeudi ayant confirmé la tendance de baisse des nouvelles inscriptions au chômage et la force du secteur manufacturier.

Et si l'on en croit le Conference Board, institut de prévision réputé, l'économie américaine s'est nettement renforcée en février, et elle devrait «gagner encore plus d'élan dans les mois à venir».