Un exceptionnel procès pour délit d'initié s'ouvre mardi à New York, centré sur le fonds d'investissement Galleon et son fondateur milliardaire Raj Rajaratnam, dans lequel plusieurs grands noms de la finance et de l'industrie américaine font de la figuration.

«Plus grosse affaire pénale de délit d'initié impliquant un hedge fund» (ndlr: fonds d'investissement à risque), selon le procureur fédéral de New York, et même le plus gros délit d'initié depuis les années 1980, selon certains médias, ce procès pénal, qui devrait durer au moins six semaines, a pour seul accusé M. Rajaratnam, 53 ans.

Accusé d'avoir piloté des transactions illégales ayant rapporté «au moins environ 45 millions de dollars», selon l'acte d'inculpation, il comparaît libre, presque 17 mois après son arrestation.

Il risque 205 ans de prison et plus de 100 millions de dollars d'amende au total pour 14 chefs d'accusation, liés à des transactions réalisées entre 2003 et 2009.

Le PDG de la prestigieuse banque d'affaires Goldman Sachs, Lloyd Blankfein, pourrait faire une apparition en tant que témoin lors du procès, selon le Wall Street Journal. Un porte-parole de la banque, objet de juteuses spéculations de Galleon en 2008, s'est toutefois refusé vendredi à cette information.

M. Rajaratnam, dont le fonds Galleon gérait quelque 3,7 milliards de dollars avant son démantèlement suite à son arrestation, figurait au 559e rang du classement des hommes les plus riches du monde dressé par le magazine Forbes en 2009, avec une fortune estimée à 1,3 milliard de dollars.

Selon l'accusation, qui a bâti son dossier sur de nombreuses écoutes de conversations téléphoniques, il avait utilisé des informations confidentielles obtenues de ses nombreuses relations d'affaires pour empocher des gains indus sur toute une série de sociétés cotées, parmi lesquelles Hilton, Google, Clearwire, Akamai et Advanced Micro Devices.

Au moment de son arrestation, M. Rajaratnam avait clamé son innocence, affirmant qu'il allait se «défendre contre ces accusations avec la même intensité et précision» que celle dédiée à son travail de gestion.

Mais depuis le vide s'est fait autour de lui.

Au total, sur une trentaine de personnes impliquées au civil et au pénal, une vingtaine ont plaidé coupables.

Dernier rebondissement en date -dénoncé par les avocats de M. Rajaratnam comme «un coup de comm' lancé contre contre un témoin potentiel» de la défense- un ancien patron du prestigieux cabinet de conseil McKinsey, Rajat Gupta, est visé depuis le 1er mars par une plainte déposée au civil par les autorités boursières.

M. Gupta, «vieil ami» de M. Rajaratnam, est accusé de lui avoir personnellement transmis des informations confidentielles obtenues en tant que membre du conseil d'administration de Goldman Sachs et de Procter & Gamble, entre autres.

Il s'est vigoureusement défendu d'avoir mal agi, mais a démissionné du conseil d'administration de Goldman Sachs l'an dernier, et de celui de Procter & Gamble cette semaine. Il siège en revanche toujours au conseil d'administration de la maison mère d'American Airlines, entre autres, et garde des fonctions à la Bill & Melinda Gates Foundation.

Un ancien cadre dirigeant d'IBM, Robert Moffat, qui avait été considéré comme l'un des successeurs possibles du PDG Samuel Palmisano, a pour sa part déjà commencé à purger une peine de six mois de prison. Il a reconnu qu'il avait confié sur l'oreiller des informations confidentielles à l'une des principales informatrices de M. Rajaratnam.

Un autre ancien haut responsable de McKinsey, Anil Kumar, avait également plaidé coupable dès janvier 2010.

Le procès doit débuter avec le processus de sélection des jurés, qui pourrait prendre plusieurs jours.