Le président de la banque centrale américaine (Fed), Ben Bernanke, a appelé jeudi à régler une fois pour toute la question des groupes trop gros pour pouvoir leur permettre une faillite.

«S'il ne fallait retenir qu'une leçon de la crise, c'est que le problème des groupes trop gros pour pouvoir faire faillite doit être résolu», a déclaré M. Bernanke lors d'une audition devant la Commission d'enquête sur la crise financière (FCIC) à Washington.

M. Bernanke a laissé entendre ainsi que la question restait toujours d'actualité, malgré l'entrée en vigueur de le loi de réforme de la finance en juillet et les efforts du Comité de Bâle sur le contrôle bancaire (CBCB) pour s'attaquer au problème.

La dernière crise financière a montré les dangers que pouvaient représenter le développement de certains groupes dont la taille est telle que leurs dirigeants et salariés prennent des risques inconsidérés, misant sur le fait qu'en fin de compte, l'État leur sauvera toujours la mise de peur qu'ils n'entraînent dans leur chute éventuelle des pans entiers de l'économie.

C'est ainsi que l'État américain s'est retrouvé à voler au secours de l'assureur AIG pour un coût de plus de 170 milliards de dollars et qu'il a dû renflouer les plus grandes banques, là aussi à coup de centaines de milliards de dollars.

En cas de nouvelle crise, «peu d'États accepteront de payer le prix d'une dévastation de l'économie si le sauvetage (d'une entreprise dite d'importance systémique, ndlr) peut être réalisé à un moindre coût», a dit M. Bernanke.

«Même si un gouvernement s'empêche de sauver (une telle entreprise, ndlr), les acteurs du marché penseront que d'autres n'en feront pas de même à l'avenir. En conséquence, la simple promesse de ne pas intervenir, en soi, ne résoudra pas le problèmes», a-t-il ajouté.

Le président de la Fed a insisté au contraire sur la tâche qui incombe aux régulateurs comme son institution, à qui la réforme de Wall Street, a assigné la tâche de superviser les groupes financiers les plus grands (banques et autres).

Revenant sur le déclenchement de la crise avec l'explosion de la bulle immobilière à l'été 2007, M. Bernanke, a estimé que les pertes liées aux crédits immobiliers à risques accordés à tour de bras avaient été sans conteste «le déclencheur principal» de la catastrophe, mais que les effets de la crise avaient été multipliés par un certain nombre de «vulnérabilités».

Parmi celles-ci, il a cité, pour le secteur privé, «la dépendance à des modes de financement à court terme, instables», «l'endettement excessif» des ménages et des groupes financiers, et «les carences en matière de gestion du risque».

Les autorités et le secteur public ont eu eux aussi leur lot de vulnérabilités et de carences, entre les «vides juridiques», les conflits de compétence entre régulateurs, lorsque ceux ci ne faisaient pas un «usage inefficace de leur autorité», a dit M. Bernanke.

Le président de la Fed a profité de son audition pour redire que la politique monétaire très souple menée par la banque centrale entre 2002 et 2004 ne lui semblait pas avoir joué un rôle dans la formation de la bulle spéculative dans l'immobilier aux États-Unis.

La FCIC est une commission d'enquête indépendante, créée en mai 2009 dans le cadre d'une loi sur la répression des délits financiers. Elle doit rendre ses conclusions en décembre.