Les organismes américains de refinancement hypothécaire Fannie Mae (FNM) et Freddie Mac (FRE) ont annoncé mercredi la fin prochaine de leur cotation en Bourse, une décision de leur autorité de tutelle qui entame encore un peu plus leur statut hybride public-privé.

Les deux sociétés ont indiqué, dans des communiqués séparés publiés avant l'ouverture de la séance boursière, que leurs actions ordinaires quitteraient aux alentours du 28 juin la cote du New York Stock Exchange (NYSE).

Cette décision prise par l'Agence fédérale de financement immobilier (FHFA) ne devrait en rien changer leur fonctionnement au quotidien. Les actions existeront toujours, échangées de gré à gré, et les deux entreprises continueront à publier leurs résultats trimestriels détaillés.

L'autorité de tutelle a minimisé la portée de cette mesure.

«Un retrait volontaire de la cote en ce moment est tout simplement logique et correspond à l'objectif de la mise sous tutelle de préserver et ménager les actifs» des entreprises, a justifié le directeur de la FHFA, Edward DeMarco, cité dans un communiqué.

Mais il marque une étape de plus de la déchéance des deux groupes. Coté depuis 1970, Fannie Mae approchait la limite des 30 jours autorisés sous le cours minimum (1 dollar). Coté depuis 1988, Freddie Mac, qui avait encore un peu de marge à la clôture mardi (1,22 dollar), a lourdement chuté sous cette barre mercredi.

Les deux actions ont valu respectivement jusqu'à 85 et 73 dollars.

«Fannie» et «Freddie», sauvés par leur mise sous tutelle publique en septembre 2008, sont les piliers qui soutiennent à eux deux l'emprunt immobilier américain.

Selon des données de la banque centrale (Fed), ils détiennent plus de 53% des 10.749 milliards de dollars de prêts immobiliers résidentiels du pays.

Bon nombre de ces prêts ont été consentis durant les années de bulle spéculative sur l'immobilier (2003-2006) à des ménages aux finances fragiles qui sont aujourd'hui incapables de les rembourser. Sans Fannie Mae et Freddie Mac, et sans l'aide du budget de l'État fédéral, ces prêts hasardeux auraient probablement eu la capacité de faire sombrer le système bancaire américain dans son ensemble.

«Le soutien de l'État reste vital» aux deux groupes et plus généralement au marché immobilier, constatait au début du mois l'agence d'évaluation financière Standard and Poor's.

Depuis décembre, le gouvernement a retiré le plafond aux lignes de crédit dont Fannie Mae et Freddie Mac bénéficient auprès du Trésor. A ce jour, ils ont été renfloués à hauteur de 145 milliards de dollars. Et il est assuré que la facture ne va cesser de grimper, jusqu'à des niveaux qui dépendront du rythme de reprise du marché immobilier.

Fannie Mae et Freddie Mac «continueront à coûter des milliards de dollars si l'emploi et les prix de l'immobilier ne s'améliorent pas et si les taux d'intérêt partent à la hausse», affirmaient mercredi les analystes de Mann International.

La dette de Fannie Mae et Freddie Mac, qui n'est pas agrégée à celle de l'État fédéral, est un sujet d'embarras pour la classe politique. Le gouvernement ne cesse de repousser toute réforme. Et l'opposition républicaine, prompte à critiquer l'absence de plan de l'exécutif, peine à faire oublier que leur croissance démesurée est une conséquence de la politique de l'ancien président George W. Bush en faveur de la propriété immobilière.

C'est aussi un sujet diplomatique sensible pour Washington: les États étrangers détiennent plus de 900 milliards de dollars de cette dette, d'après les données de la Fed.