Le secrétaire américain au Trésor, Timothy Geithner, s'est dit très confiant que le Congrès fera passer la réforme financière prônée par le gouvernement pour tenter d'éviter à l'avenir une catastrophe financière de l'ampleur de celle de l'automne 2008.

«Je peux vous dire que je suis très confiant que nous allons obtenir les votes nécessaires pour l'adoption d'une solide réforme financière qui sortira de l'opacité les marchés de produits dérivés, permettra d'éviter que les contribuables n'aient à financer de futurs plans de sauvetage et assurera que les Américains bénéficieront d'une protection contre la fraude et les abus», a déclaré M. Geithner, dans un entretien diffusé dimanche sur la chaîne de télévision NBC.

La réforme de la régulation financière, nouvelle priorité législative du président Barack Obama, rencontre une forte résistance chez l'opposition républicaine au Sénat, qui y voit une opportunité de marquer des points à sept mois des législatives.

L'administration souhaite un texte qui permette d'éviter les excès des années 2000, notamment les transactions pour des milliers de milliards de dollars de produits financiers opaques et complexes, sans aucune régulation qui ont mené le système financier mondial au bord du gouffre.

L'administration et les démocrates sont accusés par les républicains de vouloir pérenniser le plan de sauvetage des banques, à l'instar de celui qui avait été concocté après la crise de l'automne 2008.

Le plan avait provoqué l'ire de la population qui y a vu un plan de sauvetage pour les nantis alors que les petites gens se retrouvaient à la porte de leur logement ou sans emploi.

«Nous voulons être sûrs que nous ne mettons pas en place un système permettant au gouvernement de continuer à faire ce qu'il fait, en gérant des banques, des assureurs, des constructeurs automobiles», a fait valoir dimanche le chef de file des républicains du Sénat, Mitch McConnell, interrogé sur CNN.

En fait, d'après M. Geithner, le projet de loi prévoit que «si un autre grand établissement se débrouille pour se mettre dans une situation où il ne peut pas s'en tirer tout seul et a besoin du soutien du gouvernement, alors le gouvernement le met sous tutelle - les actionnaires sont ratissés, la direction et le conseil d'administration sont remplacés, et nous faisons en sorte que cette société ferme, nous la démantelons, nous la vendons pour nous assurer qu'elle n'existe plus pour répéter ce genre de faute à l'avenir».

Des assurances jugées insuffisantes par M. McConnell, qui ne démord pas de sa théorie selon laquelle un nouveau plan de sauvetage se profile. «Quel que soit l'endroit d'où sort l'argent, c'est un fonds de sauvetage qui garantit que nous interviendrons encore pour sauver des grandes sociétés à perpétuité», a-t-il dit.

La Chambre des représentants a déjà adopté un projet de loi en décembre.

Le Sénat doit encore se prononcer sur sa propre version, mais les démocrates qui ne comptent que 59 voix sur 100 au Sénat ont besoin des voix d'élus républicains pour faire adopter le texte.

«Je suis tout à fait confiant que certains républicains voteront pour», a assuré M. Geithner, selon qui certains élus de l'opposition jugent «un peu exagérées» les accusations de M. McConnell.

M. Geithner a en revanche indiqué que des difficultés subsistaient sur la nécessité d'encadrer les produits dérivés et la protection des consommateurs, sans pouvoir garantir qu'elles seraient aplanies.