Des sénateurs américains ont déposé jeudi un projet de loi visant à taxer les bonus jugés excessifs accordés aux salariés des banques et autres institutions financières, qui doivent leur salut à des injections massives d'argent public.

Les sénateurs démocrates Jim Webb et Barbara Boxer visent par ce texte les entreprises du secteur financier qui ont reçu plus de cinq millions de dollars du plan de relance du secteur financier voté en octobre 2008 par le Congrès (TARP).

Le projet de loi établirait une taxe sur les bonus accordés aux employés de ces institutions, s'ils sont supérieurs à 400 000 dollars pour 2009. La portion du bonus au-dessus des 400 000 dollars serait taxée à 50%. Les élus ont choisi ce chiffre, disent-ils, car il correspond au salaire du président des Etats-Unis.

«Il est scandaleux que ces compagnies distribuent des millions de dollars de bonus pendant que le reste de l'Amérique souffre de leurs décisions imprudentes», a déclaré jeudi la sénatrice Boxer.

Son collègue Jim Webb a estimé que «ce projet de loi est une approche ciblée, raisonnable pour mettre de l'impartialité, de l'équité dans ce processus» de récompense des salariés par des bonus.

Le projet de loi ne vise que les bonus perçus en 2009, une année où la survie des entreprises financières dépendait fortement du soutien de l'Etat fédéral. «Ce n'est pas la lutte des classes», a ajouté le sénateur Webb qui a insisté sur le caractère limité dans le temps du texte proposé.

L'assureur AIG doit par exemple verser 100 millions de dollars de bonus à ses employés. Au total, le groupe a prévu de verser 195 millions de dollars de primes au titre de 2010. Le gouvernement américain a injecté plus de 180 milliards de dollars d'aides publiques dans l'assureur pour lui éviter de faire faillite.

Le versement des bonus par AIG à ses employés avait suscité mercredi l'indignation à Washington et la «colère» du président Barack Obama.

Un projet de loi similaire a été déposé à la Chambre des représentants en décembre. Le texte de la Chambre basse soutient également une taxe de 50%. Toutefois, les représentants visent de leur côté les bonus supérieurs à 50 000 dollars.