La banque centrale américaine (Fed) a réuni lundi les dirigeants des plus grandes institutions financières sous sa supervision pour définir avec eux l'application de ses directives appelant à modérer les salaires et les bonus.

«Des responsables de la Réserve fédérale rencontreront des dirigeants de banques ce lundi pour discuter du processus de révision des modalités de rémunération au mérite dans les grands établissements bancaires complexes», a indiqué à l'AFP un porte-parole de la Fed.

Le 22 octobre, la Fed avait émis des recommandations «en faveur d'une politique de primes saine», souhaitant que celle-ci «ne sape pas» leur «sécurité» et leur «santé» financière.

La directive n'a pas de caractère contraignant dans l'immédiat, mais la banque centrale souhaitait que les banques «revoient immédiatement leur dispositif de bonus et de primes pour faire en sorte qu'il n'encourage pas une prise de risque excessif».

Elle avait prévenu qu'en cas d'excès mettant en péril les finances d'une banque, elle n'hésiterait pas à engager un processus de sanctions.

La Fed avait également indiqué que sa proposition de directive était «conforme» aux principes définis par le Conseil pour la stabilité financière (CSF), organisme de coordination internationale dont les pays riches et émergents du G20 se sont engagés à mettre en oeuvre les recommandations.

Le sujet, particulièrement sensible auprès d'une opinion écoeurée par les sommes touchées par les auteurs de paris insensés sur les marchés financiers et immobilier, est revenu avec force en même temps que les profits des banques.

Une étude de l'Université de Massachussets-Amherst, citée lundi sur le site du New York Times, a montré que les «décideurs-clés» des banques avaient touché lors des années fastes de la finance un total de primes plus élevé que les bénéfices nets de leur employeur. L'auteur, James Crotty, a évoqué une «rente non justifiée».

Cette idée de s'attaquer aux bonus rencontre toutefois une forte réticence dans les milieux financiers, habitués à considérer de fortes primes comme faisant partie du salaire habituel, y compris lors des mauvaises années.

Le Wall Street Journal estimait en octobre que les 23 plus grandes institutions financières américaines verseraient environ 140 milliards de dollars en primes à leurs salariés au titre de 2009, soit davantage que le record de 2007.