Le président de la banque centrale américaine (Fed), Ben Bernanke, a assuré jeudi que son institution saurait piloter la sortie de crise et qu'elle serait «prête» à agir le moment venu pour revenir à une politique monétaire normale.

«Quand les perspectives économiques se seront améliorées suffisamment, nous seront prêts à resserrer la politique monétaire pour ramener finalement notre bilan à une configuration plus normale», a déclaré M. Bernanke dans un discours très technique prononcé au siège de la Réserve fédérale à Washington.

La politique exceptionnelle de soutien au crédit et à la liquidité mise en oeuvre par la Fed pour permettre à l'économie américaine de passer la crise s'est traduite par une expansion phénoménale de son bilan, dont la taille a plus que doublé depuis le mois d'août 2007 et l'explosion de la bulle des crédits immobiliers à risque américains.

En déclarant que la Fed sera prête à agir «quand les perspectives économiques se seront améliorées suffisamment», M. Bernanke laisse entendre que la banque centrale commencera à resserrer les vannes du crédit sans doute avant que le chômage ait atteint son pic.

En l'état actuel des choses, la montée ininterrompue du chômage est perçue comme la menace la plus forte à la reprise économique naissante et la Fed prévoit que celui-ci continuera de progresser jusqu'à plafonner au dessus de 10% vers le milieu de l'année 2010.

Le Fonds monétaire international (FMI) s'est montré cependant plus pessimiste début octobre, en estimant que le taux de chômage, à 9,8% fin septembre, risquait de n'atteindre son pic qu'au second semestre de cette année-là.

Cette perspective nourrit chez certains économistes la crainte que la Fed ne remonte trop tôt son taux directeur abaissé à quasi-zéro en décembre et qu'elle prévoit de laisser à un niveau «extrêmement bas» pendant une «longue période».

Concernant la façon dont la Fed compte mener pratiquement sa sortie de crise, M. Bernanke a redit ce qu'il avait déjà exposé, à savoir que les programmes de soutien au crédit et à la liquidité à court terme qui gonflent son bilan allaient se dénouer d'eux-mêmes avec l'amélioration des conditions économiques.

En revanche, a-t-il dit, «les titres financiers à long terme détenus par la Fed vont continuer d'augmenter à court terme et vont dominer de plus en plus l'actif du bilan» de la banque centrale.

M. Bernanke faisait référence aux programmes de rachats de 1450 milliards de dollars de titres émis par les organismes de refinancement hypothécaire parapublics que la Fed a décidé de réaliser d'ici à la fin du premier trimestre, ainsi qu'au programme de rachat de 300 milliards de dollars de bons du Trésor à long terme qui sera achevé fin septembre.

Tous ces programmes ont pour but ultime de faire baisser le coût des emprunts immobiliers, de façon à faire repartir le marché du logement, par lequel la crise est arrivée.