Les Américains les plus riches vont peut-être devoir payer plus d'impôts. Après avoir bénéficié de réductions fiscales sous George W. Bush, ils pourraient bientôt être mis davantage à contribution afin de financer des baisses d'impôts pour les classes moyennes et populaires, ainsi que la réforme du système de santé.

Le président Barack Obama veut augmenter l'impôt des plus riches pour financer des baisses d'impôts pour tous les autres. Il souhaite également plafonner les déductions fiscales des familles à hauts revenus pour les emprunts immobiliers et les dons aux associations caritatives, afin de fournir une couverture médicale à davantage d'Américains.

Les démocrates de la Chambres des représentants veulent une hausse encore plus forte de l'impôt sur le revenu pour les riches afin de financer la réforme de l'assurance-santé.

Avec ces divers projets, une famille de quatre enfants avec des revenus de cinq millions de dollars américains par an verrait son impôt sur le revenu augmenter de 440 000$. Pour la même famille, mais avec un revenu annuel de 800 000, la hausse serait de 30 000, selon une analyse de la société de services financiers Deloitte Tax.

Imposer les riches pour financer l'assurance-santé représenterait un changement important dans la manière dont les États-Unis ont financé jusqu'ici leurs programmes de protection sociale. Le régime des retraites (Social Security) et le programme d'assurance-santé pour les personnes âgées (Medicare) sont financés par des cotisations sur les salaires. Même si les riches paient davantage par ce biais, l'effort est partagé avec les classes moyennes et même avec les travailleurs pauvres.

En revanche, le projet de réforme de l'assurance-santé examiné à la Chambre des représentants conduirait à augmenter de 544 milliards sur dix ans les impôts payés par seulement 1,2 pour cent des ménages: ceux qui déclarent un revenu supérieur à 350 000$ par an.

Le texte imposerait une «surtaxe» de 5,4 pour cent sur l'impôt sur le revenu pour les couples gagnant plus d'un million de dollars par an à partir de 2011. Ceux gagnant plus de 350 000$ s'acquitteraient d'une surtaxe de 1 pour cent, et ceux gagnant plus de 500 000$, d'une surtaxe de 1,5 pour cent.

Pour les «super riches», comme un célibataire déclarant cinq millions de dollars par an, l'augmentation serait de 450 000$ par an, selon l'analyse de Deloitte. Mais pour la plupart des riches contribuables concernés, la «surtaxe» serait beaucoup plus faible, assurent les démocrates.

«Cela concerne franchement de toutes petites sommes pour l'immense majorité des personnes qui la paieront», explique le représentant démocrate de l'Alabama Artur Davis. Certains démocrates souhaitent toutefois relever les seuils de revenus à partir desquels les hausses d'impôts s'appliqueraient.

La tranche d'imposition la plus élevée est aujourd'hui de 35 pour cent, et s'applique sur les revenus supérieurs à 372 950$. Barack Obama veut la porter à 39,6 pour cent en 2011 en laissant expirer une partie des baisses d'impôts décidées sous la présidence Bush. La «surtaxe» proposée par les élus démocrates de la Chambre la ferait passer à 45 pour cent, soit son niveau le plus élevé depuis 1986, où elle était alors de 50 pour cent.

Barack Obama présente souvent les riches comme les grands gagnants de l'ère Bush, soulignant que leurs impôts ont baissé alors que leurs revenus se sont envolés durant la présidence de son prédécesseur républicain. «Je pense que la meilleure manière de financer (l'assurance-santé) est que les personnes comme moi, qui ont beaucoup de chance, payent un petit peu plus», a-t-il expliqué récemment.

Sous Bush, les impôts des classes moyennes et populaires ont également baissé, mais leurs revenus n'ont pas augmenté dans les mêmes proportions que ceux des riches. Reste qu'aujourd'hui, les tranches d'imposition pour les bas et moyens revenus sont à leurs niveaux les plus bas, ou presque, depuis 30 ans.

Cette année, 47 pour cent des Américains déclarant leurs revenus ne paieront aucun impôt fédéral sur le revenu, y compris certaines familles gagnant jusqu'à 50 000$ par an, selon des projections.