L'administration Obama a déposé un aperçu de son premier budget jeudi, un document de 134 pages qui présente un plan ambitieux: sonner la fin de l'ère du néo-conservatisme aux États-Unis.

«Le moment est venu d'entrer dans une nouvelle ère- l'ère des responsabilités, tant pour le gouvernement que pour le secteur privé», a dit le président, jeudi matin.

«Il y a des moments où vous pouvez vous permettre de refaire la décoration de votre maison. Et il y a des moments où vous devez vous concentrer et refaire les fondations.»

Obama compte faire grimper l'impôt des ménages gagnant plus de 250 000 $ par année - 2% des ménages américains - et baisser l'impôt pour la classe moyenne. Il souhaite débloquer 634 milliards de dollars pour rendre l'assurance maladie accessible aux 47 millions d'Américains qui ne sont pas assurés actuellement.

Côté environnement, l'administration Obama veut instaurer un système de «Bourse du carbone», qui oblige les entreprises à acheter des crédits carbone si elles projettent de dépasser les normes fédérales d'émissions de gaz à effet de serre.

L'administration Obama propose aussi de rendre publiques les délibérations entourant l'attribution de l'argent du gouvernement.

«Au cours des huit dernières années, les politiques étaient décidées derrière des portes closes, note le document dévoilé jeudi par M. Obama. Dans plusieurs cas, un arsenal de mesures légales a été employé pour garder les délibérations secrètes. Sans surprise, les gens bien connectés ont été à même de créer d'immenses trous dans notre système fiscal, alors que les familles de la classe moyenne payaient la note.»

Le budget prévoit un déficit-record de 1,75 trillion de dollars pour l'année fiscale 2009, en cours depuis cinq mois. Obama prévoit être en mesure de ramener le déficit à 533 milliards pour 2013, l'année où prend fin son premier mandat à la Maison-Blanche.

Contraste saisissant

Le contraste avec les années Bush ne pourrait être plus clair. George W. Bush s'était appliqué à réduire l'impôt des riches, et à utiliser le trésor public de manière à permettre aux grandes entreprises d'engranger des profits jamais vus.

Certains passages du budget sont d'ailleurs très durs à l'endroit de l'administration Bush. Une des sections est intitulée: Les résultats d'un héritage de mauvaises priorités.

«Alors que les familles de la classe moyenne ont joué selon les règles, les personnes qui dirigent notre économie n'ont pas suivi leur exemple. Depuis trois décennies, une part disproportionnée de la richesse de la nation a été canalisée vers les individus les plus fortunés», souligne le document.

Selon le New York Times, ce passage clé sous-entend qu'Obama cherche à expliquer que «l'ère instaurée par Ronald Reagan n'était pas celle d'un «nouveau matin pour l'Amérique», mais bien celle de «l'Âge d'or des ploutocrates».

Quelques minutes après avoir été rendu public, jeudi, l'aperçu du prochain budget, qui sera complété en avril, a été descendu en flammes par les républicains.

«J'ai de sérieuses inquiétudes concernant ce budget, qui demande aux familles américaines et aux employeurs de donner toujours plus d'argent au gouvernement, afin de payer pour les hausses des dépenses. C'est malheureux, mais au moment où les gens doivent se serrer la ceinture, Washington semble avoir décidé de carrément enlever la sienne.»