Dans ce qui est la plus importante transaction de son histoire, Innergex Énergie a annoncé, hier, l'acquisition de l'entreprise canadienne Alterra Power Corp. pour 1,2 milliard.

L'entreprise de Longueuil augmentera de 40 % sa capacité de production d'énergie renouvelable, à 1600 mégawatts, avec le portefeuille de projets d'Alterra au Canada, aux États-Unis et en Islande, où elle met les pieds pour la première fois.

« On fait un grand pas aux États-Unis et vers notre objectif d'avoir une capacité de 2000 mégawatts en 2020. » - Michel Letellier, président et chef de la direction d'Innergex, lors d'un entretien avec La Presse

Il a fallu presque un an de discussions pour conclure la transaction, a-t-il précisé. Innergex paiera 8,25 $ par action, soit 58 % de plus que le cours moyen récent des actions d'Alterra. La transaction se fera en partie au comptant (25 %) et le reste en actions. La Caisse de dépôt et placement du Québec, un actionnaire de longue date d'Innergex, participera au financement avec un prêt non garanti de 150 millions.

Alterra Power, dont le siège social est à Vancouver, produit de l'énergie hydroélectrique, solaire et éolienne au Canada et aux États-Unis. Ses installations en production devraient générer un bénéfice d'exploitation de 64 millions en 2018.

Alterra exploite aussi des installations géothermiques en Islande. « On aime beaucoup ça, même si l'énergie géothermique n'a probablement pas beaucoup de possibilités de croissance à travers la planète », a précisé M. Letellier.

LE BLUE LAGOON

Avec Alterra, Innergex héritera aussi d'une participation de 30 % dans le Blue Lagoon, la célèbre station thermale islandaise. « Ce n'est pas vraiment encore pour nous », estime Michel Letellier, qui a indiqué que cette participation pourrait éventuellement être vendue.

En plus de ces projets en exploitation, Alterra a beaucoup de projets dans ses cartons, dont certains rendus à un stade avancé de développement. C'est le cas de deux parcs éoliens au Wyoming et au Texas, qui totalisent plus de 600 mégawatts.

Alterra a 60 employés en Islande et autant au Canada et aux États-Unis. « On va pouvoir bénéficier de synergies, surtout avec le siège social de Vancouver, mais ce n'est pas dans cette optique-là qu'on fait la transaction », affirme le patron d'Innergex.

Selon lui, l'expertise d'Alterra permettra à son entreprise de se développer sur plusieurs fronts en même temps. « Nous avons aussi l'intention de continuer à participer à la consolidation de l'industrie parce que si on ne fait rien, on recule. »

CULTURE D'ENTREPRISE

Pour Alterra, Innergex est un partenaire qui partage une culture d'entreprise similaire, a fait savoir son président Ross Beaty. « La société issue du regroupement aura un coût de capital inférieur, un bilan plus solide, un actif diversifié et une plus grande capacité de croissance rapide et efficace », estime-t-il.

M. Beaty s'est engagé à déposer sa participation de 31 % dans le cadre de l'offre d'Innergex, et une pénalité de 18 millions est prévue si la transaction ne se matérialise pas.

L'action d'Innergex a fini la journée à 14,73 $ hier à la Bourse de Toronto, en baisse de 10 cents. L'analyste Rupert Merer, de la Banque Nationale, avait une cible de 18 $ pour le titre avant l'annonce de la transaction.

Photo André Pichette, Archives La Presse

Michel Letellier, PDG d'Innergex