Le premier ministre Philippe Couillard a déclaré lundi matin, à New York, que l'ère de la construction des grands barrages hydroélectriques est terminée.

Participant à une table ronde dans le cadre de l'événement Climate Week NYC, il a dit que ce ne sont pas les grands barrages qui vont nous porter au cours des 20 à 25 prochaines années.

«Ce que nous allons observer maintenant, ce que nous commençons à observer, c'est une véritable révolution centrée sur des prix décents au niveau du consommateur, du propriétaire d'habitation, en interaction avec le réseau électrique d'une manière transactionnelle. Des réseaux électriques intelligents, davantage d'énergies renouvelables et davantage de stockage», a-t-il dit.

En conférence de presse, M. Couillard a précisé que la décentralisation de la production électrique vers les propriétaires d'habitations permettra à ces derniers d'être leurs propres producteurs d'électricité et de négocier directement avec les services publics comme Hydro-Québec. Cette révolution, basée sur les réseaux électriques intelligents, «va nous permettre de dégager énormément d'efficiences énergétiques et également de capacités d'agir sur d'autres plans».

Le premier ministre a indiqué que cette révolution, qui est déjà bien engagée au Vermont, a été plus longue à venir au Québec, «parce qu'on a des tarifs tellement bas qu'il n'y avait pas d'incitatifs vraiment pour les gens d'aller dans cette direction-là. Mais comme le coût de ces énergies-là diminue de façon remarquable, notamment dans le solaire - et vous savez qu'Hydro-Québec veut aller également dans la direction du solaire - je pense que vraiment (...) la grande révolution à laquelle nous au Québec on va participer, c'est celle-là avant tout.»

M. Couillard a donné l'exemple d'un propriétaire d'habitation qui installe chez lui une source d'électricité solaire et un système de stockage et peut revendre un éventuel surplus d'électricité au réseau public. «C'est ça l'aspect transactionnel dont je parle. C'est pas de la science-fiction. Ça existe déjà au Vermont. Ça existe déjà dans les pays européens.»

L'ombre du climatosceptique en chef des États-Unis, Donald Trump, planait cette année sur Climate Week NYC. Malgré tout, les participants à la table ronde avec M. Couillard, trois gouverneurs d'États américains et un président d'entreprise, étaient optimistes. Le gouverneur de Californie, Jerry Brown, a souligné que la législature de son État vient de prolonger jusqu'en 2030 son marché du carbone, auquel participe le Québec, avec l'appui de neuf républicains.

M. Couillard a déclaré que pour réussir sur le plan de l'environnement, les dirigeants politiques doivent atteindre deux objectifs: «rester crédibles et cohérents et détruire l'argument selon lequel agir sur la planète est mauvais pour l'économie».

Le gouverneur de l'État de Washington, Jay Inslee, a déclaré que le secteur qui connaît la plus forte croissance aux États-Unis est celui des énergies propres. «Le président Trump, avec tous ses tweets, ne peut empêcher aucun de nos États d'aller de l'avant», a-t-il dit.