La mine n'est pas encore là, mais la production prévue par Nouveau Monde Graphite à Saint-Michel-des-Saints intéresse déjà une entreprise chinoise de matériaux de batterie.

Hunan Shinzoom Technology, un producteur et distributeur de matériel d'anodes pour les batteries au lithium-ion, et Nouveau Monde Graphite ont conclu une entente de collaboration qui prévoit la distribution de la production de l'entreprise chinoise en Amérique du Nord et, éventuellement, la fabrication de matériel d'anode au Québec.

« C'est une nouvelle majeure pour notre entreprise », a assuré Éric Desaulniers, président et chef de la direction de Nouveau Monde Graphite, lors d'un entretien avec La Presse.

Les nouveaux associés ont convenu de former deux coentreprises, a-t-il précisé. La première, Distribution JV, qui appartiendra à 51 % à Shinzoom et à 49 % à Nouveau Monde Graphite, vendra les produits de l'entreprise chinoise sur le marché nord-américain. La seconde, Transformation JV, qui sera contrôlée à 51 % par Nouveau Monde Graphite, étudiera la possibilité de fabriquer au Québec les matériaux de batterie actuellement faits en Chine par Shinzoom.

Ce partenariat ne change pas l'évolution du projet de mine de graphite à Saint-Michel-des-Saints, mais il aidera Nouveau Monde à se faire une place sur le marché et à prendre contact avec des entreprises qui pourraient un jour être des acheteurs du graphique qu'elle veut produire, selon Éric Desaulniers.

Hunan Shinzoom Technology fabrique principalement du matériel d'anode pour les batteries au lithium-ion et compte le grand fabricant chinois de véhicules électriques BYD parmi ses clients. Dans un communiqué, le directeur général de Shinzoom, Tao Pi, affirme que le Québec est un endroit intéressant pour les activités de fabrication de son entreprise.

« Nous évaluerons la possibilité de transformer le matériel d'anode directement au Québec afin de profiter des coûts énergétiques compétitifs, de la proximité du marché nord-américain ainsi que de la présence de sources fiables de matières premières. » - Extrait du communiqué

DE L'OPPOSITION

Nouveau Monde Graphite veut profiter de la forte demande pour le graphite, utilisé notamment par les fabricants de batteries comme Tesla, pour exploiter une mine à ciel ouvert près de Saint-Michel-des-Saints. Dans une première étape, l'entreprise veut construire une usine de démonstration pour recruter des acheteurs, et entreprendre ensuite la production commerciale de graphite. Des investissements de 245 millions seraient nécessaires.

Le projet divise la région entre les résidants permanents, qui voient plutôt d'un bon oeil les emplois qu'il doit créer, et les villégiateurs, qui veulent préserver les paysages et la tranquillité des lieux.

Au moins deux groupes sont actifs dans la lutte contre le projet : la Coalition des opposants à un projet minier en Haute-Mattawinie et l'Association pour la protection du lac Taureau.

La possibilité que des activités de transformation se greffent à la mine ne change rien à leur détermination, a affirmé hier Daniel Tokatéloff, de l'Association pour la protection du lac Taureau.

« Une mine à ciel ouvert, ce n'est pas une carrière, comme on le dit souvent. C'est un cratère qui génère une montagne de rejets, de la pollution et du bruit. »

Selon lui, permettre l'établissement d'une mine dans la région mettrait en danger la vocation de villégiature qu'elle développe avec succès depuis le déclin de son industrie forestière.

Les titres de la petite entreprise d'exploration, inscrits à la Bourse de croissance TSX, ont été très actifs hier à la suite de l'annonce du partenariat avec Shinzoom. Ils ont fini la journée à 33 cents, en hausse de près de 10 %.