Alors que le Canada se résigne à un nouvel affrontement commercial avec les États-Unis dans le dossier du bois d'oeuvre, le ministre du Commerce international François-Philippe Champagne met le cap vers la Chine dans l'espoir de convaincre les autorités chinoises d'acheter davantage de bois canadien pour la construction domiciliaire.

Est-ce possible d'exporter plus de bois d'oeuvre vers ce marché en pleine croissance, malgré la distance qui sépare les deux pays ? Le ministre Champagne croit que oui et c'est pour cette raison qu'il a décidé d'inviter des représentants canadiens de l'industrie forestière durant sa première visite officielle en Chine, qui se déroulera du 21 au 26 avril. Le ministre sera notamment accompagné de Sylvain Labbé, président-directeur général du Bureau de promotion des produits du bois du Québec, et des représentants de Canada Wood et de deux agences gouvernementales : Exportation et développement Canada et la Corporation commerciale canadienne.

Déjà, l'industrie du bois d'oeuvre de la Colombie-Britannique exporte une bonne partie de sa production vers les marchés de l'Asie, notamment en Chine et en Inde, ce qui lui permet de réduire sa dépendance au marché américain. En 2016, la Chine était le deuxième marché en importance pour la Colombie-Britannique (1,6 milliard de dollars), alors que les États-Unis demeuraient le principal acheteur (3,3 milliards de dollars), selon des statistiques du ministère du Commerce international et de la Colombie-Britannique. Les exportations de produits du bois canadien vers la Chine ont augmenté presque 25 fois depuis 2002.

LES ARGUMENTS DU CANADA

« Nous avons déjà des discussions exploratoires avec nos partenaires chinois pour voir s'il est possible de négocier un accord de libre-échange. Mais compte tenu de la situation du bois d'oeuvre, j'ai décidé de réorienter ma première mission commerciale en Chine en mettant l'accent sur la promotion de l'industrie forestière », a indiqué le ministre Champagne dans une entrevue à La Presse.

« Nous voulons montrer à nos partenaires chinois que le bois est en vogue chez nous et que c'est une ressource renouvelable. C'est aussi une façon de construire des maisons qui résistent aux tremblements de terre et cela représente une solution pour la Chine pour ce qui est de la lutte contre les changements climatiques », a-t-il ajouté.

Durant sa visite, le ministre Champagne doit se rendre dans quatre villes chinoises (Shanghai, Chongqing, Zhengzhou et Pékin) et rencontrer des dirigeants ainsi que des gens d'affaires chinois.

MISER SUR LA DIVERSIFICATION

« Les Chinois sont déjà de grands acheteurs de bois d'oeuvre. Ce n'est pas juste de la prospection que nous allons faire. Il y a déjà des acheteurs en Chine. Et nous voulons diversifier davantage les marchés d'exportation. [...] Chaque fois que l'on a une dispute sur le bois d'oeuvre, je pense que la meilleure façon de limiter les dégâts, c'est certainement de miser sur la diversification », a dit le ministre.

Les entreprises forestières du Québec, de l'Ontario et des provinces maritimes exportent près de 95 % de leurs produits vers les États-Unis. Selon le ministre Champagne, il faut déployer des efforts pour diversifier les exportations venant des provinces de l'est du pays vers d'autres marchés. L'Europe vient en tête de liste. « J'ai eu des appels avec des acheteurs français. Il y a des acheteurs britanniques. Il y a aussi un marché à conquérir au Moyen-Orient. Je suis vraiment dans mon rôle de chef du marketing en prenant le téléphone, en travaillant main dans la main avec l'industrie, pour communiquer avec des acheteurs actuels et des acheteurs potentiels. Il faut aussi voir ce que ça prendrait pour pouvoir exporter plus vers ces marchés. »