Le groupe canadien des engrais agricoles Potash Corp va acheter son rival Agrium pour créer un géant mondial du secteur, une nouvelle transaction venant s'ajouter lundi à une vaste consolidation de l'industrie agrochimique mondiale.

Présentée comme «une fusion entre égaux», cette opération se fera au moyen d'un échange d'actions, au terme duquel Potash Corp détiendra, dans les faits, 52% du nouvel ensemble.

«La nouvelle entreprise sera un leader dans l'industrie des engrais avec près de 20 000 salariés, des opérations et des investissements dans 18 pays et une valorisation d'entreprise de 36 milliards de dollars américains», ont indiqué les groupes canadiens dans un communiqué commun.

Basé en Saskatchewan, Potash Corp se présente comme le plus grand producteur mondial d'engrais agricoles.

Le groupe dispose de la plus grande capacité de production de potasse au monde, le principal produit entrant dans la fabrication des engrais agricoles, et est aussi un acteur majeur dans la fabrication d'engrais à base d'azote et de phosphates.

Son rival Agrium, établi à Calgary, dans la province voisine de l'Alberta, fabrique aussi des engrais agricoles mais est surtout réputé pour son réseau de vente au détail avec 1400 sites, implanté surtout aux États-Unis et au Canada.

«Le nouvel ensemble deviendrait sans conteste le chef de file mondial de la production et de la vente au détail d'engrais agricoles», estimait fin août l'analyste Steve Hansen, du cabinet Raymond James, après l'annonce des premières discussions entre les deux groupes.

Grandes manoeuvres mondiales

Pour Potash, cette acquisition favorisait des économies d'échelle et lui permettrait d'exercer un meilleur contrôle sur la production et les prix, alors que ces derniers sont à plat, conséquence de la chute de la demande pour les engrais dans les pays émergents, notamment en Chine et en Inde.

Potash Corp a vu son action divisée par quatre depuis son sommet atteint en 2008 juste avant la dégringolade des matières premières avec le prix de la tonne de potasse passant d'environ 900 dollars à 150 dollars.

En 2010, le canadien avait échappé à une tentative de rachat hostile de 40 milliards de dollars par le groupe minier anglo-australien BHP Billiton, le gouvernement canadien bloquant la transaction.

Potash devrait boucler l'achat d'Atrium mi-2017 et générer 500 millions de dollars d'économies de coûts en deux ans.

L'opération a été approuvée par les conseils d'administration des deux entreprises mais elle doit encore l'être par leurs actionnaires, ainsi que par les autorités canadiennes et américaines de la concurrence.

Cette transaction intervient dans un contexte de grandes manoeuvres au niveau mondial dans les secteurs chimiques et agricoles. Les géants américains Dow Chemical et DuPont veulent fusionner et l'allemand Bayer espère mettre la main sur le géant américain des semences génétiques Monsanto. Le groupe chinois de la chimie ChemChina tente de son côté d'absorber l'agrochimiste suisse Syngenta.

Potash avait proposé près de 8 milliards d'euros (12 milliards de dollars CAD) l'an dernier pour acquérir son concurrent allemand K+S, une offre refusée par le groupe germanique.

Potash Corp et Agrium auraient dégagé en 2015 un chiffre d'affaires cumulé de 20,6 milliards de dollars américains et un excédent brut d'exploitation de 4,7 milliards.

Le nom de la nouvelle entreprise n'a pas encore été fixé, mais elle aura son siège social à Saskatoon, en Saskatchewan, ville où Potash Corp est basé.

L'actuel patron de Potash, Jochen Tilk, en sera le président du conseil d'administration et celui d'Agrium, Chuck Magro, le directeur général.

Selon les termes de l'accord, les actionnaires de Potash devraient recevoir 0,40 action de la nouvelle entreprise et ceux d'Agrium 2,23 actions.

À la Bourse de New York, l'action Potash Corp faisait du surplace en fin de matinée, cotant 16,95 dollars, tandis que celle d'Agrium cédait 1,6%, à 93,73 dollars.

Ensemble, les deux groupes sont valorisés 27 milliards de dollars en Bourse.