Hydrocarbures Anticosti dispose de toutes les ressources financières pour effectuer ses travaux de forage prévus cet été, a déclaré jeudi la ministre de l'Économie Dominique Anglade.

Mme Anglade participe cette semaine à une mission du premier ministre Philippe Couillard, en Europe.

Lors d'un point de presse, elle est demeurée réservée dans ses commentaires, en raison du recours judiciaire d'un des partenaires du gouvernement qui réclame des fonds pour poursuivre le projet.

«Alors oui, à notre connaissance, ils ont les moyens de le faire, a-t-elle dit. Mais cela dit, vous savez que nous sommes devant les tribunaux. Il y a une injonction qui fait en sorte que le conseil d'administration a une semaine pour s'entendre.»

Pétrolia soutient qu'une filiale d'une société d'État, Ressources Québec, n'a pas versé sa part de financement pour le programme de cet été sur l'île d'Anticosti, dans l'estuaire du Saint-Laurent.

Selon Mme Anglade, Hydrocarbures Anticosti a néanmoins tout le nécessaire, malgré la menace de licenciements de Pétrolia en raison du manque de liquidités.

«Rien ne nous laisse croire que l'argent n'est pas disponible, a-t-elle dit. L'argent est disponible. Cela dit, ils doivent s'entendre sur le budget.»

Le cabinet de M. Couillard a fait savoir qu'il ne commenterait pas la situation du projet d'Anticosti, envers lequel le premier ministre a exprimé son opposition de façon répétée.

Aux côtés de Mme Anglade dans la capitale bavaroise, le président-directeur général d'Investissement Québec, de qui relève Ressources Québec, a déclaré que le tribunal a ordonné aux parties de discuter de l'adoption d'un budget d'ici la semaine prochaine.

«On est sous l'ordre de la cour et l'objet justement c'est l'adoption du budget, donc à ce stade-ci on ne peut pas en dire beaucoup plus, on va attendre le délai qui nous a été donné par la cour pour avoir cette discussion-là», a dit Pierre Gabriel Côté.

M. Côté a affirmé que les délais actuels n'étaient pas les premiers au conseil d'administration d'Hydrocarbures Anticosti.

«Il y en a eu, il y en a et présentement il y a une semaine qui a été donnée pour s'entendre», a-t-il dit.

Le président-directeur général a reconnu que les discussions sont difficiles entre les partenaires, mais il n'a pas fait de lien avec les déclarations de M. Couillard qui, encore cette semaine, a qualifié de «terrible» le prélèvement d'eau des rivières de l'île d'Anticosti pour les opérations de forage.

M. Côté a notamment confirmé qu'un membre indépendant du conseil d'administration avait quitté ses fonctions récemment.

«Il y a au conseil d'administration des discussions qui sont serrées, pas juste envers Ressources Québec, mais envers d'autres partenaires aussi», a-t-il dit.

Pétrolia, dont la requête en injonction a été entendue mercredi, allègue que M. Couillard a donné l'ordre d'empêcher le projet d'aller de l'avant.

L'entreprise demande au tribunal une ordonnance qui forcerait Ressources Québec et l'entreprise Saint-Aubin, un autre partenaire, à verser à Hydrocarbures Anticosti respectivement 7,26 millions $ et 5,55 millions $.

Jeudi, Mme Anglade a soutenu que cette situation ne nuit pas à la réputation du Québec face aux investisseurs étrangers.

La ministre a souligné l'intention de la multinationale allemande Siemens de développer ses activités au Québec. Elle est convaincue que l'entreprise trouvera la prévisibilité qu'elle recherche pour ses activités.

«Vous voyez donc que la prévisibilité du Québec est assez intéressante pour intéresser une entreprise aussi grande que Siemens», a-t-elle dit.

En décembre dernier, M. Couillard a pris pour la première fois ses distances du projet de l'île d'Anticosti et accusé le précédent gouvernement péquiste d'avoir pris une mauvaise décision en associant le l'État québécois au projet, pour lequel des discussions avaient été amorcées quand les libéraux étaient au pouvoir.

Dans un point de presse au siège social de Siemens à Munich, en compagnie de Mme Anglade et de M. Côté, M. Couillard a déclaré que des discussions sont en cours pour une expansion des activités de la multinationale allemande à son usine de fabrication de turbines à Dorval, au Québec.

«L'intention de Siemens est d'augmenter la présence au Québec, d'augmenter la capacité de l'usine de Dorval, a-t-il dit. Nous sommes en négociation sur les moyens de faire aboutir le projet depuis quelque temps, mais on va conclure ces négociations certainement de manière favorable.»

Siemens est également disposé à développer, en collaboration avec le réseau québécois de l'éducation, un projet de formation en entreprise, a indiqué le premier ministre, qui était accompagné du président-directeur général de Siemens, Joe Kaeser.

«Je suis très heureux que M. Kaeser réitère sa confiance envers le Québec. Je crois qu'il apprécie l'ambiance actuellement au Québec, l'ambiance dans laquelle ses affaires peuvent se développer», a-t-il dit.

Concernant ses attentes envers le gouvernement, M. Kaeser n'a pas évoqué la possibilité d'un soutien financier ni l'ampleur de l'expansion de son service d'ingénierie de turbines au Québec.

«Il faut un partenariat fiable et durable et un environnement compétitif sur le plan de la création d'emplois, a-t-il dit. (...) Nous voulons des conditions fiables parce qu'en raison de nos cycles d'innovation durant quatre ou cinq ans, nous ne pouvons pas subir de changements dans les politiques économiques et de formation.»