Les cours du pétrole ont nettement baissé mardi à New York, restant sous pression avec le regain de vigueur du dollar, tandis que le rapport entre une offre surabondante et une demande atone ne donnait aucun signe d'évolution.

Le prix du baril de «light sweet crude» (WTI) pour livraison en juillet a perdu 1,69 dollar à 58,03 dollars sur le New York Mercantile Exchange (Nymex).

À Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en juillet a terminé la séance à 63,72 dollars, en baisse de 1,80 dollar par rapport à la clôture de la veille, se retrouvant au plus bas en un mois.

Comme les autres matières premières, «le marché du pétrole reste sous la pression d'un dollar en hausse, comme c'était le cas vendredi, avec des inquiétudes relancées sur la possibilité d'un défaut de paiement de la Grèce et de solides ventes de logements neufs aux États-Unis qui aident à porter le dollar au plus haut en un mois», a fait valoir Tim Evans, chez Citi.

Un dollar plus fort rend en effet moins attrayants, car plus onéreux, les achats de pétrole libellés dans la monnaie américaine, pour les investisseurs munis d'autres devises.

«L'autre facteur, à part le dollar, c'est qu'il y a des inquiétudes du côté de la demande, particulièrement en Asie et en Chine, alors que du côté de l'offre on attend des niveaux de production toujours solides, largement supérieure à 31 millions de barils par jour pour l'OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole), et toujours soutenue aux États-Unis», a expliqué Bart Melek, chez TD Securities.

La banque HSBC a effectivement annoncé la semaine dernière que l'activité manufacturière se contractait encore en mai en Chine, avec une baisse du volume de la production industrielle.

M. Evans expliquait quant à lui qu'il y avait débat entre les investisseurs jugeant que les fondamentaux du marché justifient une hausse, et ceux qui parient à la baisse.

D'un côté «certains se concentrent sur la baisse de la production américaine, l'accélération de la cadence dans les raffineries, et le déclin des stocks américains de brut, mais (d'un autre côté) on parle aussi de plus en plus du rebond des cours qui déclencherait une reprise des forages aux États-Unis, et du probable maintien de la politique de l'OPEP (lors de sa réunion du 5 juin) qui laissera encore le marché face à un excédent d'offre par rapport à la demande», a résumé M. Evans.

Pour lui, c'est la deuxième thèse, justifiant un recul des prix, qui est «la plus convaincante».

Les analystes de Commerzbank ont également insisté sur le fait qu'un seul puits de pétrole a fermé au total la semaine dernière, selon le décompte de la société Baker Hughes publié vendredi. «Il semblerait que le prix du WTI est revenu à un niveau où la production de pétrole de schiste redevient attractive», en concluaient-ils.

Du coup «cela va probablement empêcher le déclin de la production américaine attendu par beaucoup d'investisseurs, qui pourraient de nouveau se retirer du marché du pétrole», ajoutaient ces analystes.

Parallèlement, «au Moyen-Orient la bataille pour les parts de marché a maintenu la production de brut à des niveaux élevés malgré les tensions géopolitiques en Irak et au Yémen», a constaté pour sa part Ole Hansen, analyste chez Saxo Bank.