Les cours du pétrole ont fortement rebondi jeudi à New York et à Londres, dans un marché qui continuait à violemment fluctuer, pris entre les inquiétudes sur une offre toujours élevée et l'espoir d'un déclin prochain de la production.

Le prix du baril de «light sweet crude» (WTI) pour livraison en mars, actuellement le plus échangé, a avancé de 2,37 dollars à 51,21 dollars, repassant le seuil des 50 dollars et retrouvant le niveau où il était mardi matin avant deux séances de forte baisse.

À Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour même échéance a fini à 57,05 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE), en hausse de 2,39 dollars.

Les cours ont ainsi interrompu leur déclin, observé depuis le début de la semaine et encouragé mercredi par la publication par les États-Unis d'une nouvelle hausse de leurs réserves hebdomadaires de brut à un niveau sans précédent depuis 1930.

«Un jour, cela monte, un jour cela descend, et on a du mal à trouver des raisons» à des fluctuations aussi importantes, a reconnu Bart Melek, de Commondity Strategy TD Securities.

Parmi les éléments susceptibles d'expliquer le rebond du marché, il citait notamment «de nouvelles réductions d'investissements chez les producteurs, comme Total qui va drastiquement réduire ses projets d'exploration».

Le groupe français a annoncé une coupe très importante de ses coûts et investissements cette année, qui s'accompagnera d'une réduction de ses effectifs, après une forte baisse de ses résultats en 2014 causée par la dégringolade des cours du pétrole, qui ont perdu plus de la moitié de leur valeur depuis juin.

Toutefois, «cela va mettre du temps avant de déboucher sur une baisse» de l'offre, a prévenu Gene McGillian, de Tradition Energy. «Tant que l'on ne verra pas une baisse des niveaux de production, en Amérique du Nord ou ailleurs, ou une amélioration de l'activité économique, en Europe ou en Chine, on va continuer à tanguer.»

La pression se maintient

Parmi les autres facteurs de soutien, «le dollar s'affaiblit alors que l'Europe entrevoit (peut-être, avec de la chance) deux développements optimistes avec un cessez-le-feu entre l'Ukraine et la Russie, et un sommet des dirigeants européens pour trouver un compromis sur le plan d'aide à la Grèce», a noté Matt Smith, de Schneider Electric.

L'affaiblissement momentané du billet vert rend plus intéressants les échanges pétroliers, qui sont libellés en monnaie américaine.

«À l'heure actuelle, l'offre reste nettement excédentaire sur le marché», ont rappelé les experts de Commerzbank, soulignant que le rapport du Département de l'Énergie sur les réserves américaines avait notamment témoigné d'une nouvelle hausse des stocks du terminal de Cushing, qui servent de référence au pétrole échangé à New York.

«Les réserves de Cushing ont plus que doublé depuis l'été dernier et son maintenant à leur plus haut niveau depuis juillet 2013», ont-ils remarqué. «Si elles continuent d'augmenter à ce rythme, les limites de stockage devraient être atteintes d'ici 3 à 4 mois. Ce sont de mauvaises perspectives, en particulier pour les cours du WTI.»