L'or a progressé cette semaine, atteignant son plus haut niveau en quatre mois, bénéficiant de son statut de valeur refuge face à la tempête financière causée par l'annonce surprise de l'abandon du taux plancher du franc suisse.

Le métal jaune a enregistré une progression continue sur la semaine avec un plus haut jeudi à 1266,98 dollars l'once, un sommet depuis le 8 septembre.

C'est le jour où la Suisse a décidé de ne plus intervenir sur les marchés pour empêcher sa monnaie de s'apprécier, provoquant un krach boursier à Zurich et l'envolée du franc suisse.

La Banque nationale suisse (BNS) a ainsi annoncé que le taux plancher du franc suisse, fixé il y a 3 ans à 1,20 franc pour 1 euro, était abandonné. En outre, les taux négatifs appliqués aux gros dépôts en francs suisses pour décourager les spéculateurs sont alourdis.

«Cela s'est traduit par un accroissement de l'appétit pour les valeurs refuges et a par conséquent été un facteur positif net pour l'or», ont souligné les analystes de la banque suisse UBS.

L'annonce de la BNS s'est en effet traduite par un accroissement de la volatilité sur les marchés des changes et des actions.

«La nouvelle a pris tout le monde par surprise et la réponse initiale du marché a été évidente: la course aux abris. De ce point de vue, l'or était le choix évident compte tenu du fait que les grandes banques centrales sont dans une course à la baisse des taux d'intérêt», a ajouté Fawad Razaqzada, analyste technique chez Forex.com.

Le marché a aussi interprété le geste très surprenant de la BNS, qui acquérait jusqu'ici de façon massive des euros pour maintenir son taux plancher, comme un élément renforçant les chances d'un nouvel assouplissement de la politique monétaire de la Banque centrale européenne (BCE) dès la semaine prochaine.

Elle pourrait mettre en place un programme de rachats d'actifs, dont des dettes souveraines, pour stimuler l'activité économique, ce qui aurait pour effet collatéral de diluer la valeur de l'euro.

Benoît Coeuré, membre du directoire de la Banque centrale européenne, a confirmé que l'institution étudiera un rachat d'obligations souveraines lors de sa réunion du 22 janvier, afin de lutter contre la déflation qui menace.

L'or sert habituellement de protection contre l'inflation et le contexte déflationniste actuel en zone euro ne lui est théoriquement pas favorable. Mais il reste malgré tout attractif dans le contexte actuel sur les marchés, soulignent les analystes.

«La nouvelle année n'a pas été terrible pour les actions et avec un mauvais début de la saison des résultats aux États-Unis, les actions pourraient encore subir des pressions», a relevé Fawad Razaqzada.

«Le récent bond de l'or pourrait avoir encore de l'élan. La tendance est clairement haussière pour l'instant», a-t-il ajouté.

L'argent a pour sa part progressé dans le sillage de l'or, bien que moins fortement, atteignant jeudi 17,22 dollars l'once, au plus haut depuis le 11 décembre.

Le platine a touché jeudi 1265,85 dollars l'once, au plus haut depuis le 29 octobre.

Le palladium - métal précieux utilisé dans l'industrie automobile et la joaillerie - a en revanche connu un gros décrochage, avec un plus bas jeudi à 765,20 dollars l'once, un niveau plus vu depuis le 11 novembre, et peinait à se reprendre vendredi. Du fait de son utilisation industrielle, le palladium a suivi cette semaine les métaux de base dans leur baisse.

Sur le London Bullion Market, l'once d'or a terminé à 1277,50 dollars vendredi au fixing du soir, contre 1217,75 dollars le vendredi précédent.

L'once d'argent a clôturé à 16,92 dollars, contre 16,24 dollars il y a sept jours.

Sur le London Platinum and Palladium Market, l'once de platine a fini à 1262 dollars, contre 1225 dollars sept jours plus tôt.

L'once de palladium a terminé pour sa part à 757 dollars, contre 795 dollars à la fin de la semaine précédente.