À un mois de la mise en service de l'oléoduc 9B d'Enbridge, les élus de la région de Montréal se disent insatisfaits des réponses de l'entreprise sur les mesures d'urgence prises en cas d'incident. Le maire Denis Coderre demande à l'Office national de l'énergie de retirer l'autorisation au projet si l'entreprise ne remplit pas ces «conditions minimales».

Enbridge a reçu en mars le feu vert pour l'inversion du flux dans son oléoduc qui acheminera le pétrole lourd de l'Ouest canadien vers l'Est du pays. Cette autorisation était toutefois assortie d'une liste de 30 conditions qu'un comité de vigilance montréalais a suivies à la lettre.

À un mois de l'inversion, la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM), qui regroupe les 82 villes de la région, estime que l'entreprise n'a toujours pas répondu de façon satisfaisante à au moins deux de ces conditions.

«J'avais dit 'oui, mais' [au projet d'Enbridge]; le 'mais' n'est pas rempli. Les 30 conditions, c'était un minimum. On ne peut pas dire 'on va en prendre 25 sur 30 et ça va être bien'. Ça prend une note parfaite. Le transport de produits pétroliers est dangereux et ne laisse pas de place à l'erreur», a indiqué Denis Coderre, évoquant le spectre de la tragédie de Lac-Mégantic.

La CMM reproche à Enbridge de ne pas avoir répondu à ses préoccupations sur les mesures d'urgence et sur les précautions prises pour les cours d'eau franchis par l'oléoduc.

À défaut de voir l'entreprise répondre à ces «conditions minimales», l'Office doit retirer l'autorisation au projet, estime le maire de Montréal, qui préside la CMM.

L'Office national de l'énergie a confirmé avoir reçu la lettre des élus de la région de Montréal et assuré qu'elle sera prise «en considération». Impossible de savoir si l'organisme est lui-même satisfait des réponses faites par à un mois du début de l'inversion.

L'organisme reconnaît ne pas encore avoir obtenu réponse à toutes les conditions, mais précise que des documents lui sont acheminés régulièrement par Enbridge.

L'entreprise a voulu se faire rassurante, disant travailler à répondre à toutes les conditions d'ici la mise en marche de son oléoduc à la mi-octobre. «Si Enbridge ne remplit pas les conditions, il n'y aura pas d'autorisation et on ne fera pas le renversement. Notre priorité numéro un, c'est la sécurité des personnes et de l'environnement. On collabore avec la CMM et les MRC tout le long du parcourt et on va continuer à le faire», a indiqué un porte-parole de la compagnie albertaine, Éric Prud'Homme.

Greenpeace Canada a salué la sortie du maire Coderre, en profitant pour décocher une flèche au gouvernement québécois. « Une chance que la CMM veille au grain, parce que le gouvernement du Québec dort au gaz dans ce dossier, lui qui a posé 18 conditions à Enbridge, mais n'a toujours rien fait pour les faire respecter. On ne peut pas faire confiance les yeux fermés à cette pétrolière qui, en moyenne, est responsable de près de 65 déversements par année», a réagi un porte-parole de l'organisation environnementale, Patrick Bonin.