L'État français a décidé de nationaliser partiellement Alstom pour garantir la pérennité de l'alliance conclue entre le fleuron industriel tricolore et le géant américain General Electric, acquéreur d'une partie de sa branche énergie, a indiqué mardi le ministre de l'Économie, Arnaud Montebourg.

«Oui, nous avons pris la décision d'entrer dans le capital d'Alstom pour garantir la pérennité de l'alliance entre General Electric, immense conglomérat, et le petit Alstom, qui reste petit malgré sa force et sa puissance», a déclaré M. Montebourg devant l'Assemblée nationale, en réponse à une question du député UDI Michel Zumkeller.

Selon un accord intervenu ce week-end, GE rachètera l'activité de turbines à gaz d'Alstom et créera avec le groupe français trois coentreprises détenues à parité dans les énergies renouvelables, les réseaux électriques et les turbines à vapeur.

L'État s'est lui donné environ deux ans pour racheter 20% du capital d'Alstom auprès du conglomérat Bouygues, qui en détient 29,4%, ou sur le marché pour en devenir le principal actionnaire.

«Cette alliance à trois, en quelque sorte, est faite pour garantir d'abord les engagements pris par General Electric. Ils sont nombreux, notamment ceux concernant l'emploi», a expliqué M. Montebourg.

Le géant américain s'est engagé à créer 1000 emplois en France en trois ans, sous peine d'une pénalité de 50 000 euros par emploi non créé.

«Nous avons un accord assez ambitieux et qui profitera certainement à certaines régions d'implantation naturelle d'Alstom et de General Electric, comme tel est le cas à Belfort», selon le ministre.

C'est la préférence d'une alliance à un rachat pur et simple du pôle énergie d'Alstom, initialement envisagé par GE, qui a conduit l'État à décider une nationalisation partielle, afin de protéger cette «industrie de souveraineté» d'un «risque de disparition», a-t-il souligné, répondant cette fois à la socialiste Clotilde Valter.

«Notre vision, elle est pragmatique», a-t-il poursuivi. «C'est finalement l'alliance entre les valeurs du patriotisme économique et l'utilité pragmatique de s'organiser pour être plus fort dans la mondialisation».

Cette opération sera financée par la vente de participations publiques, a rappelé M. Montebourg.

«Nous disposons aujourd'hui, après la vente (de participations dans) Airbus, Safran et Aéroports de Paris, de plus de 2 milliards d'euros qui serviront à la prise de participation dans Alstom», a-t-il dit.