L'investissement d'IFFCO dans une usine d'engrais de 1,6 milliard de dollars à Bécancour ne se réalisera pas si l'entreprise n'obtient pas la garantie d'approvisionnement en gaz de schiste américain sur laquelle elle comptait, et qui tarde à venir.

L'entreprise vient de demander à l'Office national de l'énergie (ONE) d'approuver la requête de Gaz Métro qui veut accroître ses approvisionnements en gaz américain au bénéfice de ses clients québécois. «L'incertitude au sujet du transport et du tarif du gaz naturel pourrait faire dérailler cet investissement», prévient le directeur d'IFFCO, Manesh Gupta, dans une lettre en provenance de New Delhi.

Actuellement, l'incertitude entourant la demande de Gaz Métro empêche IFFCO Canada d'avancer dans le financement de son projet, a expliqué à La Presse Affaires le porte-parole du consortium, Simon Pillarella, vice-président au développement des affaires.

«Le but de la lettre est de mettre un peu de pression sur l'ONE pour que la demande soit approuvée rapidement», a-t-il dit.

L'accès au gaz naturel abondant et pas cher est ce qui a convaincu la coopérative indienne de choisir le Québec pour construire son usine d'engrais. Avec une consommation prévue de 27BCF (milliards de pieds cubes) par année, IFFCO deviendra le plus important client de Gaz Métro, si le projet se concrétise.

Un long processus

La requête de Gaz Métro pour accroître son approvisionnement en gaz de schiste américain à partir du carrefour de Dawn, dans le sud de l'Ontario, a été présentée conjointement avec TransCanada, Union Gas et Enbridge en décembre 2013. Les partenaires espéraient une réponse rapide, mais l'ONE vient de décider qu'elle ferait l'objet d'audiences publiques, ce qui reporte sa décision de plusieurs mois.

IFFCO Canada et ses actionnaires, parmi lesquels se trouve la Coopérative fédérée, voudraient démarrer leurs activités en 2017. Ils ont obtenu toutes les approbations environnementales requises, mais ils ne peuvent boucler le financement du projet sans avoir l'assurance que le gaz naturel sera disponible en quantité et au prix prévus.

«Pour clore le financement, les banques veulent s'assurer que toutes les autorisations réglementaires ont été obtenues», dit le porte-parole d'IFFCO, qui répète que l'approvisionnement en gaz naturel est crucial pour le projet.

Il est intéressant de noter qu'à Bécancour, l'usine d'IFFCO sera littéralement construite au milieu des shales de l'Utica, qui contiendrait du gaz de schiste en quantité, mais que le Québec a choisi de ne pas exploiter.

Le dossier qui est actuellement devant l'ONE est aussi très important pour Gaz Métro, qui veut assurer l'approvisionnement de ses clients existants en gaz américain dès 2015.

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QUI UTILISE LE GAZ NATUREL AU QUÉBEC

Les industries : 60,1 %

Les commerces, les écoles et les hôpitaux : 29,6 %

Les résidences : 10,3 %