Québec pourrait augmenter la distance minimale qui doit séparer un forage pétrolier ou gazier d'une source d'eau.

«Dans les prochaines semaines, nous allons arriver avec une version modifiée du règlement», a annoncé hier le ministre de l'Environnement, Yves-François Blanchet, sans vouloir donner plus de détails.

Son avant-projet de règlement avait été présenté en mai. Il prévoyait interdire les forages situés à moins de 300 mètres d'un «prélèvement d'eau destinée à la consommation humaine». En cas de forage avec fracturation, la distance minimale serait de 600 mètres.

Une étude hydrogéologique devrait aussi être réalisée. Selon les résultats, la distance séparatrice pourrait être augmentée. On aurait aussi pu interdire le forage. Cela s'ajoute à l'obligation déjà en vigueur d'obtenir un certificat de fracturation.

Au terme de la consultation, le ministre Blanchet modifiera son projet de règlement. «Malheureusement, certains éléments sont venus jouer un peu dans les échéanciers du gouvernement. Ça a créé un certain délai», a-t-il dit. Il ne confirme pas que la distance sera modifiée. Mais si elle l'est, ce sera pour l'augmenter, indique-t-on à son cabinet.

Gaspé

L'hiver dernier, Gaspé avait adopté un règlement municipal pour interdire les forages situés à moins de 400 mètres d'une source d'eau potable. La municipalité voulait ainsi bloquer le forage du puits Haldimand no 4 de la société Pétrolia, situé à 350 mètres de la maison la plus proche. Pétrolia détenait pourtant un permis du ministère des Ressources naturelles. Deux droits s'affrontaient donc. Constatant le manque d'acceptabilité sociale, elle y a suspendu ses activités. Elle poursuit maintenant Gaspé.

Le monde municipal a demandé au ministre Blanchet d'adopter une réglementation pour clarifier de telles situations. Des municipalités ont depuis adopté un règlement similaire à celui de Gaspé pour lui donner leur appui.

«[En attendant le nouveau règlement de Québec], je réitère à ces municipalités que les règlements qu'elles ont adoptés sont légitimes et valides. Ils doivent être respectés. Lorsque notre règlement sera mis en oeuvre, il aura préséance sur ceux des municipalités», a dit M. Blanchet.

Le géologue Marc Durand et Québec solidaire ont critiqué en juin la distance limite du règlement, qui ne permettra pas d'empêcher les forages pétroliers à Anticosti. Mais ce n'est pas le but du règlement, avait répliqué le ministre. Il disait que les forages exploratoires seraient au contraire utiles, car ils fourniraient de l'information pour l'étude à venir du Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE).