Marc Rich, une des figures de légende du négoce des matières premières, est décédé en Suisse à l'âge de 78 ans des suites d'une hémorragie cérébrale.

Surnommé le «roi du pétrole» et «l'homme aux cigares», ce fin financier, à l'origine de la société devenue le géant suisse Glencore Xstrata, a été toute sa vie au centre de nombreuses controverses.

«C'était un grand pionnier du commerce des matières premières», a déclaré dans un communiqué Ivan Glasenberg, le numéro un du groupe suisse, qui s'est dit attristé par son décès.

Considéré comme un génie par certains, mais comme un homme d'affaires sans scrupules pour d'autres, rien ne le prédestinait pourtant à révolutionner le monde cloisonné des matières premières.

Né en 1934 à Anvers sous le nom de Marcell David Reich, il avait fui aux États-Unis face à la montée du nazisme en Europe. L'ironie de l'histoire voudra que le pays qui avait accueilli sa famille en 1941 le place par la suite sur la liste des dix fugitifs les plus recherchés par le FBI.

À 20 ans, il débute son parcours professionnel comme simple apprenti chez le courtier des matières premières américain Philipp Brothers (renommé Phibro), avant d'en gravir rapidement les échelons.

Pressenti pour en devenir le président, il décide cependant de voler de ses propres ailes, s'associant à un ancien collègue, Pincus Green, pour fonder en 1974 sa propre société de courtage en matières premières, la baptisant Marc Rich + Co.

D'une petite entreprise, la maison, basée à Zoug, un canton de Suisse connu pour sa fiscalité avantageuse, devient en moins d'une décennie un acteur incontournable du secteur.

Marc Rich réussit avec ses partenaires à «briser quasiment tout seul le cartel des grands groupes (pétroliers) qui dominaient le marché du pétrole, du puits jusqu'à la pompe à essence», explique dans sa biographie le journaliste suisse Daniel Ammann.

«Grâce à Marc Rich, le pétrole est négocié depuis les années 1970 plus librement, de façon plus efficace et à des prix plus transparents», précise M. Ammann.

Mais l'immense succès remporté par M. Rich et ses associés ira de pair avec de graves ennuis. En 1979, il contourne l'embargo sur l'Iran ce qui lui vaudra les foudres de la justice américaine, qui l'accusent d'évasion fiscale, de fausse déclaration et de commerce illégal avec l'Iran, poussant Marc Rich en 1983 à fuir vers la Suisse.

Gracié par Bill Clinton en 2001 dans le cadre des mesures que décide un président américain à la fin de son mandat, cette décision déclenche elle-même une nouvelle polémique, alors que l'ex-épouse de Marc Rich aurait versé un million de dollars au parti démocrate.

Malgré les turpitudes judiciaires, la société de Marc poursuit cependant son envolée. En 1993, une perte de 172 millions de dollars sur un contrat le contraint cependant à céder sa participation dans la société aux autres dirigeants qui la renomment Glencore.

Par la suite, M. Rich, qui a élu domicile dans la cité lacustre de Meggen sur les rives du lac de Lucerne, monte une autre société de négoce.

Il crée plusieurs fondations de bienfaisance, notamment consacrées à l'éducation, la culture et la lutte contre la leucémie qui a emporté sa fille Gabrielle.

La dépouille de Marc Rich sera transférée en Israël où il sera inhumé selon ses voeux, a indiqué le porte-parole de sa fondation à l'AFP.