La reprise amorcée de la construction de logements aux États-Unis servira peut-être d'aiguillon aux exportations canadiennes, qui étaient l'an dernier à peu près au même niveau que 10 ans plus tôt.

La semaine dernière, la Banque du Canada a signalé que le prix des logements avait grimpé de 10% aux États-Unis en 2012, après avoir diminué pendant cinq ans d'affilée.

L'investissement résidentiel a beaucoup de potentiel puisqu'il représente à peine 2,6% de la taille de l'économie américaine, contre un peu plus de 5%, sur une moyenne historique.

C'est ce qui amène la Banque à présumer que les livraisons de bois d'oeuvre et d'autres matériaux de construction vers les États-Unis devraient à elles seules faire augmenter d'un point de pourcentage les volumes de nos exportations cette année et l'an prochain.

Les exportateurs de bois d'oeuvre, qui pâtissent depuis 2006, ont vu se raffermir considérablement leurs prix au cours des derniers mois.

C'est donc avec beaucoup d'intérêt que seront épluchés les chiffres mensuels des permis de bâtir, des mises en chantier et, cette semaine, des transactions sur les marchés de la maison neuve et de la revente du mois dernier.

Pour bien prendre la mesure des difficultés des exportateurs depuis la récession, rappelons que leur valeur totale était de 487,3 milliards, en 2008, mais de 367,4 milliards seulement en 2009. L'an dernier, elles étaient encore à 5,1% de leur sommet de 2008, bien qu'elles avaient commencé à remonter, dès 2010.

L'effondrement des livraisons de produits forestiers, de matériaux de construction a été plus dramatique encore: de 35,5 à 27,5 milliards. La remontée a été en plus bien plus faible. À la fin de 2012, ces livraisons étaient encore à 13,8% de leur niveau de 2008.

Seuls le matériel et les pièces électriques et électroniques font moins bien. La relance de la construction aux États-Unis pourra certainement leur être bénéfique.

À l'opposé, les produits agricoles et les véhicules automobiles ont dépassé leurs niveaux de 2008.

De toutes les provinces productrices de bois d'oeuvre, il semble que la Colombie-Britannique ait mieux su se tirer d'affaire, en augmentant ses livraisons vers la Chine. De marginales en 2007, elles s'approchaient du million de mètres cubes, l'an dernier.

La Chine représente d'ailleurs le seul marché où le Canada est parvenu à augmenter ses livraisons à un niveau supérieur à celui d'avant la récession.

Les difficultés économiques de l'Europe et du Japon, deux débouchés importants pour le Canada, n'ont pas favorisé la diversification de nos exportations qui restent absorbées à hauteur de 75% par les États-Unis.

La lente reprise américaine et les ennuis des producteurs d'hydrocarbures expliquent au moins autant que la vigueur du dollar canadien la faiblesse relative des exportations canadiennes.

Selon une étude publiée la semaine dernière par la CIBC, les échanges commerciaux dans le monde ont progressé de 70% en une décennie tandis que les exportations canadiennes sont restées au même niveau, malgré la signature de neuf accords de libre-échange.

Le Canada ne réussit pas à diversifier ses marchés d'exportation. Outre la Chine et bien marginalement la Bulgarie, seul le Royaume-Uni a significativement augmenté la valeur de ses importations canadiennes. Or (c'est le cas de l'écrire!), cette augmentation est entièrement attribuable à la très forte appréciation du prix du métal jaune que le pays de Sa Gracieuse Majesté Élisabeth II achète abondamment!

Le Canada peut pourtant affronter la concurrence dans la conquête des marchés émergents, soutiennent Benjamin Tal et Andrew Grantham, auteurs de l'étude.

Au cours de la dernière décennie, les importations chinoises en provenance des États-Unis, de France, d'Italie et d'Allemagne ont toutes diminué. Les britanniques ont légèrement augmenté, mais moins que les canadiennes.

Et ce sont les produits forestiers qui expliquent surtout cette hausse et, dans une moindre mesure, les céréales et les oléagineux.

On peut parier qu'il faudra ajouter à cette liste les produits pétroliers d'ici peu.

Entre-temps, misons surtout sur la reprise du bâtiment résidentiel aux États-Unis dont le Québec pourra profiter, tout particulièrement.