Les propositions gouvernementales en matière de redevances pourraient coûter 500 millions à Goldcorp (T.G) et réduire de potentielles expansions de la mine Éléonore, d'après le grand patron de la société.

Le président et chef de la direction de Goldcorp, Chuck Jeannes, a fait un saut à Montréal hier pour ajouter son grain de sel au débat sur les redevances minières au Québec. Il s'exprimait devant 200 personnes dans le cadre de la Tribune des leaders de l'industrie minière, organisée entre autres par la Fédération des chambres de commerce du Québec (FCCQ).

Goldcorp investit 1,7 milliard à la Baie-James pour construire Éléonore, une mine d'or de classe mondiale qui produira 600 000 onces par année. Goldcorp doit démarrer la production à la fin de 2014, mais M. Jeannes avertit que la société sera moins encouragée à procéder à des expansions si, en dépit du fort potentiel géologique, des redevances trop élevées amputent le taux de rendement.

M. Jeannes affirme que le modèle de redevances présenté par le Parti québécois en campagne électorale (5% sur la valeur brute et 30% sur les surprofits) ferait perdre 500 millions à sa société et diminuerait d'autant sa capacité à réinvestir. Cela s'ajoute, dit-il, aux 250 millions qu'a représentés la précédente hausse des redevances, en 2010.

«Quand nous avons pris la décision de lancer Éléonore, c'était une décision facile, a-t-il expliqué à La Presse Affaires. Aujourd'hui, ce le serait beaucoup moins.»

«Ne tuez pas la prochaine Éléonore», a déclaré M. Jeannes dans son discours, à l'intention du gouvernement. Avec le régime actuel, Goldcorp prévoit verser 1,3 milliard sur 15 ans en redevances.

Défoulement et unité

À deux jours de la tenue du Forum des redevances par le gouvernement Marois, la Tribune des leaders de l'industrie minière ressemblait parfois à une séance de défoulement collectif - contre le gouvernement, les médias ou le marché difficile - et parfois à une activité de mobilisation et une démonstration d'unité.

Le message à l'intention du gouvernement était unanime: toute hausse des redevances aura de graves conséquences sur le développement minier.

Louis Baribeau, de QMX Gold Corporation, a évoqué une «débâcle totale à prévoir en Abitibi», surtout chez les petites mines, si le gouvernement péquiste va de l'avant.

Christian Provencher, du producteur Agnico-Eagle, a indiqué qu'une hausse des redevances allait «stériliser» une partie des réserves minières - qui ne seraient plus rentables à exploiter - et compliquer la recherche de nouvelles mines.

Hier, les sociétés ont tenté de rappeler que «l'industrie paie sa juste part», comme l'a affirmé la FCCQ.

«Quand des gens ou la Coalition pour que le Québec ait meilleure mine disent qu'on vole les ressources, excusez, on a investi 1,2 milliard, on ne vole pas les ressources», a déclaré le vice-président des finances d'Osisko, Bryan Coates.

932 millions aux gouvernements

L'Association minière a aussi fait savoir que ses membres avaient versé une contribution fiscale de quelque 932 millions aux différents ordres de gouvernement en 2012, y compris 610 millions au gouvernement du Québec.