La carte du monde minier.

Inde

Halte à la production de fer

La Cour suprême de l'Inde a banni l'extraction de minerai de fer dans 93 mines du Goa, un État de la côte ouest parmi les plus importants producteurs du pays. La décision judiciaire, rendue au début octobre, fait suite à une enquête qui a montré que l'activité minière a causé une contamination de l'eau et mené à des coupes forestières illégales. L'enquête révèle aussi que certaines entreprises ont exporté illégalement du minerai pour une valeur de 6,3 milliards. Le bannissement pousse les clients extérieurs (le Japon et la Chine) vers les géants Rio Tinto et BHP Billiton et garde une pression à la hausse sur les prix.

Suède

Une nouvelle «ligne du fer»

Pendant qu'au Québec, le Canadien National et la Caisse de dépôt et placement envisagent la construction d'un chemin de fer sur la Côte-Nord pour desservir les projets de minerai de fer, le Parlement suédois lance l'étude pour un nouveau chemin de fer dans le nord de son territoire. Cette ligne est-ouest de 150 kilomètres transporterait le fer d'une mine de la société Northland Resources jusqu'à un chemin de fer nord-sud existant appelé «ligne du minerai de fer», qui mène jusqu'au port norvégien de Narvik. «Que le gouvernement commandite la construction d'un chemin de fer en soutien de l'industrie minière serait très peu probable dans plusieurs autres juridictions», a noté la firme Credit Suisse.

> CHIFFRE: 1 milliard: Valeur estimée d'un nouveau chemin de fer nordique, selon Northland Resources

Groenland

À découvrir, sans redevances

Alors que l'industrie de la pêche décline, le Groenland se tourne vers le secteur minier pour son développement économique. Le Groenland, qui dispose d'une relative autonomie au sein du royaume du Danemark, dispose d'un atout certain pour attirer les regards: il n'impose pas de redevances minières. Plusieurs sociétés juniors sont ainsi tentées par ce vaste territoire, l'un des moins explorés de la planète. On sait toutefois qu'il recèle du zinc, de l'or, de l'uranium et des terres rares.

> CHIFFRE: 0%: Taux de redevances minières au Groenland

Brésil

L'Amazone, l'Eldorado

Les sociétés minières prévoient investir 24 milliards US pour augmenter la production minière en Amazonie, région environnementalement sensible s'il en est une. Vale, qui y exploite la plus grande mine de fer du monde, prévoit une expansion de 8,1 milliards. D'autres projets concernent la bauxite, les métaux de base, l'or et la potasse. Si les écologistes sont inquiets, ce n'est pas tant en raison de la construction des mines que des tentaculaires infrastructures de transport qui tapissent de plus en plus la plus grande forêt tropicale de la planète.

> CHIFFRE: 24 milliards: Investissements miniers prévus en Amazonie

Chili et Argentine

Plus haut, plus cher

Niché dans les Andes à cheval sur la frontière Argentine-Chili, près des glaciers, le projet minier Pascua Lama pourrait coûter pas moins de 8,5 milliards, selon les plus récentes estimations. C'est presque trois fois plus que la somme que Barrick Gold prévoyait investir à l'origine. C'est l'illustration parfaite de la nouvelle donne dans le secteur minier: les entreprises vont de plus en plus loin (ou de plus en plus haut!) pour exploiter des gisements à des teneurs toujours plus faibles. Mais les coûts explosent: dans un contexte de course aux ressources, les sociétés s'arrachent la main-d'oeuvre qualifiée et la hausse du prix des métaux fait bondir le coût des matériaux, sans compter le prix des infrastructures vers des mines toujours plus éloignées.

Australie

Une taxe moins efficace que prévu

Mise en place à fort coût politique - un premier ministre avait dû démissionner sur la question -, la controversée taxe australienne sur les «super-profits» des sociétés minières (Mineral Resources Rent Tax) rapporte beaucoup moins que prévu. Cette taxe, qui en Australie s'applique aux grands producteurs de minerai de fer et de charbon, avait inspiré la proposition du Parti québécois pour un nouveau régime de redevances pour le Québec. En raison du ralentissement de la demande de métaux et du recul des prix, la taxe australienne rapportera beaucoup moins que les 3 milliards prévus en 2012-2013, si elle rapporte quoi que ce soit.

> CHIFFRE: 30%: taux de la taxe australienne sur le surprofit

Afrique du Sud

Les travailleurs à l'offensive

L'industrie minière d'Afrique du Sud, qui compte les plus riches réserves minérales au monde, traverse une période de forte turbulence. Les travailleurs sont passés à l'offensive en 2012 en demandant des augmentations de salaire, provoquant une véritable crise sociale marquée par des grèves, des affrontements violents et des morts. Et déjà 17 000 anciens mineurs se sont joints à un recours collectif contre une trentaine de sociétés minières, dont AngloGold Shanti et Anglo American. Les plaignants affirment souffrir de silicose, une maladie pulmonaire chronique, en raison de négligences des entreprises en matière de santé et sécurité. Les dommages exigés ne sont pas encore connus, mais cela pourrait devenir le plus important recours collectif de l'histoire en Afrique.

> CHIFFRE: 17 000: Nombre d'anciens mineurs s'étant joints à un recours collectif

Canada

BHP Billiton tient à la potasse

Deux ans après avoir échoué à acheter Potash Corp pour 39 milliards, BHP Billiton est déterminée à faire son entrée dans le marché de la potasse, élément essentiel pour les fertilisants agricoles. BHP a suspendu des dizaines de milliards en investissements en 2012, mais la plus grosse société minière du monde est prête à dépenser 14 milliards pour développer son projet Jansen, en Saskatchewan. Jansen serait de loin la plus grande mine de potasse au monde et aurait une durée de vie de 70 ans. Mais des analystes craignent une suroffre et doutent que Jansen soit un bon investissement pour BHP.

> CHIFFRE: 70: Nombre d'années de vie d'une éventuelle mine de potasse de BHP Billiton

États-Unis

Mauvaise passe à Mountain Pass

Briser le monopole chinois, ce n'est pas encore fait. Avec sa mine de Mountain Pass, en Californie, Molycorp est celle qui doit ramener les États-Unis - et l'Occident - dans l'extraction des terres rares, presque entièrement contrôlée par la Chine. Mais l'entreprise a perdu 75% de sa valeur depuis avril. La Securities and Exchange Commission enquête sur l'exactitude de l'information diffusée par la compagnie. Le président a été congédié en décembre. Et Molycorp a revu à la baisse ses prévisions de revenus pour 2013. C'est que la société n'atteindra probablement pas son rythme de production souhaité avant la moitié de l'année. Et surtout que les prix des terres rares, ces 17 éléments essentiels à plusieurs technologies, ont fondu de 50 à 90% depuis la bulle de 2011.

Chine

L'appétit revient

Le plus grand consommateur de fer de la planète s'est remis en mode achat. Les importations de fer de la Chine ont atteint un niveau record en décembre (71 millions de tonnes, en hausse de 14,1% par rapport à novembre), de même que pour l'ensemble de 2012 (743 millions de tonnes, en hausse de 8,4%). Des indicateurs qui pointent vers une reprise ferme de la demande en 2013, selon un analyste de Barclays Commodities Research, cité par Reuters. Ce retour de la Chine sur les marchés d'importation permet à toute l'industrie du fer de souffler un peu, le prix ayant repris une bonne partie du terrain perdu entre avril et octobre 2012, alors qu'il avait lâché plus de 40%. La Chine reste encore le pilier de la demande mondiale de métaux.

> CHIFFRE: 8,4%: Hausse des importations chinoises de fer en 2012