Remplacés par des condos ou laissés à l'abandon, les postes d'essence disparaissent à vitesse grand V au Québec, constate un relevé rendu public hier par la Régie de l'énergie.

Entre 1997 et 2010, le nombre de points de vente d'essence a baissé de 42% dans la province.

Leur nombre est passé de 5059 en 1997 à 2924 en 2010, selon ce relevé. «L'exercice permet de constater qu'une rationalisation du marché de la vente du détail d'essence a eu lieu», souligne la Régie qui entend le répéter tous les trois ans.

Il y a moins de points de vente, mais le débit moyen d'essence a doublé pendant la même période, passant de 1,5 à 3 millions de litres.

Le nombre de stations-services a baissé partout au Québec, mais surtout à Montréal et en Montérégie. Montréal a perdu 253 postes d'essence en trois, et la Montérégie en a 331 de moins.

C'est toutefois dans les régions, en Gaspésie et en Abitibi, notamment, que la diminution du nombre de détaillants est proportionnellement la plus importante

Cette rationalisation s'est faite aux dépens des plus petits détaillants. Les postes d'essence jumelés à un dépanneur ont plus que doublé leur part de marché entre 1997 et 2010, et sont devenus le modèle d'affaires le plus répandu au Québec.

Inversement, ceux jumelés à un atelier mécanique ou qui vendent uniquement de l'essence ont perdu beaucoup de terrain. Par exemple, il n'y avait plus que 137 «gas bars» dans tout le Québec en 2010. Ce qu'on appelait les garages, soit les endroits offrant de l'essence et des services de mécanique, détenaient 38% du marché de l'essence en 1997 et cette part n'était plus que de 21%.

Pas d'inquiétude

Malgré la disparation de beaucoup d'indépendants, l'Association québécoise des indépendants du pétrole ne s'alarme pas. «On n'a jamais été contre la rationalisation, a commenté sa porte-parole, Sonia Marcotte. L'important, c'est de garder une diversité d'entreprises».

Cette diversité existe toujours, selon le portrait tracé par la Régie. La majorité des points de vente d'essence du Québec vendent encore moins de 3 millions de litres de carburants par année.

La Régie estime que pour être efficace et couvrir ses frais fixes, une station-service doit vendre en moyenne 3,5 millions de litres d'essence par année.

La diminution de nombre de points de vente d'essence risque de se traduire par une réduction de la concurrence et des prix plus élevés. Selon les indépendants, le nombre élevé de détaillants, grands et petits, a toujours fait en sorte que les prix de l'essence hors taxe est un peu moins élevé au Québec qu'en Ontario.

C'est toujours vrai actuellement, selon Sonia Marcotte, qui cite les chiffres compilés par la firme spécialisée MJ Ervin. Depuis le début de 2012, les prix à la pompe hors taxe sont de 87,9 cents le litre en Ontario et de 87,3 cents le litre au Québec.