En plus de l'opposition citoyenne, les bas prix du gaz naturel en Amérique du Nord sont une raison de plus d'imposer la patience à l'industrie au Québec.

Mais, en même temps, l'avenir du gaz naturel est radieux, grâce à la multiplication des projets impliquant la consommation de gaz, soit comme carburant, soit comme matière première industrielle.

C'est ce qui ressort des premières interventions du congrès annuel de l'Association pétrolière et gazière du Québec (APQG), réunie à Montréal.

Le président de l'APGQ, Lucien Bouchard, a donné le ton en invitant l'industrie à la patience à son arrivée à la conférence.

Le gaz naturel se négocie entre 3$ et 4$ le gigajoule (Gj) depuis un an, a noté Martin Imbleau, vice-président, exploitation, projets majeurs et énergie renouvelable, à Gaz Métro.

«Pour les 10 prochaines années, on devrait avoir un prix autour de 5$, donc des prix extrêmement bas, ce qui nous permet de confirmer que le gaz naturel va jouer un rôle important dans la carte énergétique nord-américaine et mondiale», a-t-il dit.

Le gaz naturel est appelé à jouer un rôle déterminant dans la lutte contre les gaz à effet de serre, en remplaçant le charbon, affirme-t-il.

«L'Agence internationale de l'énergie dit qu'il faut fermer la porte au charbon immédiatement, dit-il. Et aux États-Unis cette année, il s'est produit pour la première fois autant d'électricité au gaz naturel qu'au charbon.»

«Au cours des prochaines années, des centrales au charbon totalisant de 60 000 à 80 000 mégawatts de puissance vont fermer aux États-Unis, dit-il. C'est l'équivalent de deux fois Hydro-Québec.»

Et le faible prix du gaz stimule l'investissement industriel, comme en fait foi le projet d'usine de fertilisant annoncé récemment à Bécancour, ajoute M. Imbleau. D'ailleurs, Dow Chemical a une liste de 91 projets consommateurs de gaz sur la table en Amérique du Nord, note-t-il.

C'est sans compter les timides premiers pas du gaz naturel dans le secteur des transports, ajoute M. Imbleau. «Remplacer le diesel dans le transport, ça peut se faire d'ici 2020, dit-il. C'est une question de bonne volonté et de mise en place des infrastructures. Socialement, il faut faire ce pari, il se fait ailleurs et il est gagnant. Il y a 80 ou 90 camions lourds qui circulent actuellement au gaz naturel au Québec. Ça démarre bien, mais ça démarre lentement.»

Mais est-ce que le gaz de schiste québécois sera rentable à 5$ le Gj? Lors des audiences du BAPE sur cette filière, on prévoyait un coût de revient de 5$ ou 6$.

Raymond Savoie, de Gastem, le croit. «Les technologies s'améliorent et il y aura des gisements plus productifs que d'autres», dit-il.

Le gaz produit localement devra faire concurrence au gaz albertain, dont les coûts de transport varient de 1$ à 2,40$ le Gj, affirme de son côté M. Imbleau.

Alors que le Québec doit adopter un cadre réglementaire sur le secteur des hydrocarbures, la Régie de l'énergie est toute désignée pour en devenir l'autorité. C'est ce qu'affirme Me André Turmel, ancien procureur de la Régie et aujourd'hui associé dans le cabinet Fasken Martineau. Il était conférencier hier à la réunion annuelle de l'Association pétrolière et gazière du Québec. «Pour gagner la confiance de la population, le développement du secteur ne se fera assurément que par un encadrement réglementaire de l'exploration et de l'exploitation du pétrole et du gaz qui soit clair, précis et prévisible», affirme Me Trumel. «Cet encadrement passe nécessairement par le recours à un régulateur qui soit respecté de tous et qui rende des décisions crédibles. La Régie de l'énergie apparaît comme une bonne candidate.» Toutefois, affirme Me Turmel, il faudrait améliorer la gouvernance de l'organisme en faisant en sorte que son président soit nommé par l'Assemblée nationale et que les régisseurs soient choisis par un comité de sélection.

Actuellement, les permis de forage et les conditions d'exploitation sont du ressort de deux ministères, celui des Ressources naturelles et celui du Développement durable, de l'Environnement, de la Faune et des Parcs.