Le comité provincial (COMEX) qui a étudié le controversé projet d'exploration d'uranium Matoush recommande au gouvernement québécois d'autoriser le projet seulement si le conseil cri de Mistissini l'approuve par écrit et confirme l'acceptabilité sociale. Or, les dernières audiences publiques ont démontré une très forte opposition au projet à Mistissini, et les autorités cries militent aujourd'hui pour le bannissement de toute activité minière liée à l'uranium sur leur territoire traditionnel.

La société Ressources Strateco [[|ticker sym='T.RSC'|]] n'attend plus que le feu vert du ministère de l'Environnement du Québec pour amorcer un programme d'exploration souterrain à Matoush. Le rapport du COMEX, terminé à l'été 2011 et transmis au sous-ministre de l'Environnement, n'avait jamais été rendu public, en attente de la décision de Québec. Le Grand Conseil des Cris a toutefois diffusé ce rapport ce matin en réaction à des propos du président et chef de la direction de Strateco, Guy Hébert, propos que le Grand Conseil assimile à de la «fausse information».

M. Hébert, a indiqué à divers médias jeudi que le COMEX recommandait unanimement l'approbation du projet et que «Québec n'avait aucune raison de dire non».

S'il est vrai que le COMEX recommande l'acceptation du projet, le comité pose l'acceptabilité sociale comme première condition. Et cette condition est loin d'être satisfaite actuellement à Mistissini, même si M. Hébert affirme avoir le soutien de certains Cris et des Jamésiens.

«Nous sommes surpris de la décision de Strateco d'informer faussement le public en rapportant mal le contenu du rapport, dans une apparente tentative de mettre de la pression sur [Québec] pour obtenir une décision en sa faveur», déclare le Grand Chef Matthew Coon Come.

Dans la conclusion de son rapport, le COMEX, un comité d'évaluation environnementale dont deux des cinq membres sont cris, affirme avoir de «sérieuses réserves» sur le projet. Ces réserves viennent de la difficulté de juger de l'acceptabilité sociale, puisque le projet est appuyé dans les communautés non cries, mais rejeté chez les Cris. Elles proviennent aussi du fait que les Cris perçoivent des risques élevés liés à l'uranium. Et que même si le projet en question concerne seulement une phase d'exploration, il est justifié pour les Cris de s'inquiéter d'une éventuelle mine d'uranium.

Le COMEX juge toutefois que «l'acceptabilité environnementale» est au rendez-vous et que les impacts sont tout à fait gérables. Dans ce contexte, elle recommande l'acceptation du projet, moyennant une série de conditions environnementales, économiques et sociales.

Après la publication du rapport du Comité fédéral d'examen (COFEX) , qui menait ses travaux en parallèle avec le COMEX, Strateco a signé une entente sur l'information et la communication avec Mistissini le 23 décembre 2011. Cette entente, qui visait à faciliter la communication entre les parties pendant la phase d'exploration, n'affirmait pas l'acceptabilité sociale du projet. Mais elle a suffi pour balayer les réticences du gouvernement fédéral, qui a approuvé le projet quelques semaines plus tard.

«L'entente du 23 décembre a été préparée, rédigée et signée afin de répondre aux exigences formulées dans les recommandations du COFEX au ministre [fédéral] et du rapport du COMEX, a affirmé M. Hébert à La Presse Affaires après la sortie du Grand Conseil des Cris. Cette entente a été suffisante pour le fédéral et devrait l'être pour le provincial.»

Hier, le ministre de l'Environnement, Daniel Breton, a indiqué qu'il demanderait au BAPE d'étudier toute la filière de l'uranium.

Il a précisé que Strateco allait devoir attendre avant de démarrer son programme d'exploration souterraine.

Qu'est-ce que le COMEX?

Le comité provincial d'examen (COMEX) est chargé des evaluations environnementales provinciales sur le territoire de la Convention de la Baie-James et du Nord québécois, mais au sud du 55e parallèle. Le COMEX analyse un projet et ses impacts et peut consulter publiquement les communautés touchées par le projet. Enfin, il recommande ou non l'autorisation du projet.

Source : Ministère du Développement durable, de l'Environnement, de la Faune et des Parcs (MDDEFP)

CARTE FOURNIE PAR LE MDDEFP

Le projet de Strateco si situe dans la zone délimitée par un carré au milieu duquel il y a une étoile.