Ils parlent moins fort que les opposants, mais plusieurs résidants d'Anticosti souhaitent que leur île produise du pétrole et devienne ainsi plus prospère.

«C'est du travail pour nous, les gens du pétrole», affirme une employée de la SÉPAQ, chez qui les travailleurs pétroliers logent et louent des camions.

«On n'a pas le choix de suivre. On ne peut pas changer leurs plans. Ils vont améliorer la qualité de vie ici, surtout l'hiver. Ils vont créer des jobs et faire vivre l'épicerie, le dépanneur», croit Stéphane Poulin, seul pêcheur de homard de l'île.

«C'est une occasion de voir enfin le monde prospérer à Anticosti. Ça n'est pas arrivé en 100 ans. Moi, j'ai travaillé 10 semaines pour Pétrolia en 2010, et ça m'a fait prospérer. Je m'occupais de la logistique des transports de leur matériel», explique Robert-Beverly Smith.

Selon lui, Pétrolia a semblé travailler de façon exemplaire et était «respectueuse de la nature».

Son ami Robert Charette, Montréalais qui construit une maison secondaire dans l'île, affirme qu'il a été un peu déçu de voir Pétrolia pomper de l'eau dans la rivière Saumon pour ses forages. Il admet néanmoins qu'il essayerait de profiter d'un éventuel développement immobilier créé par le pétrole.

«Nous sommes arrivés au seuil critique de rentabilité. Les entreprises ont toujours eu l'habitude de faire beaucoup d'argent l'été, ce qui couvrait les déficits de l'hiver. Maintenant, c'est parfois déficitaire au bout de tout ça», explique Denis Duteau, maire de la municipalité d'Anticosti.

Plusieurs solutions ont été envisagées - transformation du bois, transformation et exportation de la viande de cerf de Virginie -, mais sans succès. D'où l'intérêt pour le développement pétrolier.

«Si les études démontrent qu'on peut contrôler les risques environnementaux et que ça peut créer 150 ou 200 jobs, c'est certain qu'un village qui est en déclin de population peut difficilement refuser», ajoute-t-il. Il précise également que l'exploration entraîne déjà des retombées économiques - modestes, mais qui sont un «bonus» par rapport au passé.

Selon lui, Junex et Pétrolia travaillent proprement et font preuve de la transparence nécessaire. Il en veut aux gens qui l'accusent, avec les sociétés pétrolières, de manquer de transparence en organisant des réunions d'information à la dernière minute.

«On est 230 à Anticosti. On n'a pas besoin d'un avis de trois mois pour que les gens soient disponibles. Je trouve ça désagréable quand des gens démontrent de l'ouverture et offrent la possibilité de répondre aux questions et se font dire que ça se fait en cachette. Ce n'est tellement pas le cas!», s'emporte-t-il.

Quant aux redevances résultant de l'exploitation pétrolière, il admet que les Anticostiens ne devraient pas en bénéficier.

«C'est de juridiction provinciale. C'est le gouvernement qui décidera s'il nous en donne ou s'il les garde pour lui», conclut-il.