À la mine Raglan, à l'extrême Nord du Québec, l'énergie coûte cher, la décontamination des sols est complexe et il n'y a personne à qui refiler le traitement des eaux usées. Et Xstrata Nickel, qui exploite le site, examine la possibilité de s'allier à des PME québécoises pour l'aider à gérer ses défis environnementaux.

Le géant minier a participé la semaine dernière à une activité de maillage inédite visant à lui présenter des technologies vertes inventées par de petites entreprises de la province. Elle en est ressortie enthousiaste.

«On a parlé à des entreprises du Québec qu'on ne connaissait pas et qui ont de très belles technologies. Dans les prochaines semaines, nos experts vont contacter certaines des entreprises rencontrées pour en apprendre davantage. Et c'est sûr que lors de nos prochains appels d'offres, des entreprises québécoises vont être appelées à soumissionner», a dit Céliane Dorval, coordonnatrice des communications interne chez Xstrata Nickel Mine Raglan.

Écotech en action

L'idée d'asseoir autour d'une table grands industriels et PME innovantes émane d'Écotech Québec, la grappe des technologies propres de la province.

«On l'entend souvent: les PME et les grandes entreprises forment deux grandes solitudes. Notre idée, c'était qu'en faisant connaître les besoins des grandes entreprises d'un côté, et les possibilités offertes par les petites de l'autre, le courant allait peut-être passer», dit Denis Leclerc, président d'Écotech Québec.

Une rencontre profitable

La semaine dernière, dans un bureau d'avocats montréalais, neuf PME et plusieurs hauts dirigeants d'Xstrata Nickel Mine Raglan se sont donc regardés dans le blanc des yeux en se demandant comment ils pouvaient brasser des affaires ensemble. Et le courant a effectivement passé.

Suivant un programme réglé au quart de tour, Xstrata Nickel a d'abord présenté les défis liés à l'exploitation d'une mine située à 1800 kilomètres de Montréal, en insistant sur ses besoins technologiques.

Les PME, qui avaient été soigneusement sélectionnées par Écotech Québec pour leur potentiel à pouvoir aider le géant minier, avaient ensuite cinq minutes chacune pour vendre leur salade à Xstrata.

«Nous avons été impressionnés par la pertinence des solutions proposées par rapport à nos besoins. Personne n'a perdu son temps là», a commenté Céliane Dorval, d'Xstrata Nickel Mine Raglan.

Il faut dire que le cas de la mine Raglan, dont le site n'est relié ni au réseau routier, ni à celui d'Hydro-Québec, comporte son lot de défis. De l'hébergement des employés au traitement des eaux usées en passant par l'entretien des routes et la gestion des déchets, Xstrata doit s'occuper de tout.

«En plus des défis d'une mine, on a pratiquement tous ceux d'une municipalité», a résumé sur place Joël Pagé, directeur du développement durable chez Xstrata Nickel Mine Raglan.

Ajoutez à cela le fait que l'entreprise s'apprête bientôt à pratiquement doubler sa production de nickel et qu'elle doit réduire ses émissions de gaz à effet de serre en vertu du marché du carbone qui démarrera dès l'an prochain au Québec et vous obtenez un festival d'occasions d'affaires pour les PME.

SCL Elements, par exemple, est une petite entreprise qui commercialise des boîtes capables de commander à distance l'éclairage, le chauffage ou la climatisation d'un bâtiment. But de la chose: réduire la facture énergétique, un enjeu particulièrement crucial à la mine Raglan, dont l'énergie provient entièrement du diésel.

«À Raglan, l'inconvénient pour nous - mais l'avantage pour vous! -, c'est que le kilowattheure nous coûte très cher. Alors, les projets d'efficacité énergétique ont des retours sur investissement très rapides», a dit le directeur du développement durable, Joël Pagé.

Le Groupe Berlie Falco, spécialisé dans le séchage des boues provenant des eaux usées, Northex, une entreprise de décontamination des sols, et Pyrogenesis, qui fait dans la valorisation des déchets, faisaient partie des autres PME invitées à présenter leurs technologies à Xstrata Nickel.