La société minière Commerce Resources a lancé hier à Munich sa recherche d'un partenaire commercial pour son projet de terres rares Eldor, dans le Nord-du-Québec. Avec en main les résultats de sa première étude économique, publiés à la fin du mois de mai, les représentants de l'entreprise ont participé à un séminaire d'information sur le Plan Nord organisé par le conseil du patronat de la Bavière et la délégation générale du Québec à Munich.

Outre Commerce, des représentants de plusieurs promoteurs de projets québécois de terres rares (Matamec, Géoméga, Quest Rare Minerals, Niobec) étaient présents à Munich. Le ministre des Transports, Pierre Moreau, et le sous-ministre des Ressources naturelles, Robert Sauvé, étaient également au rendez-vous.

Les promoteurs ont voulu rappeler aux industriels allemands et de l'Europe de l'Ouest qu'ils auraient avantage à s'intéresser aux terres rares québécoises parce que les Asiatiques risquent de leur damer le pion, a résumé le directeur des communications d'entreprise de Commerce, Christopher Grove, joint dans la capitale bavaroise.

Commerce, justement, a quelque chose à proposer: un projet de 800 millions de dollars, situé à 130 km au sud de Kuujjuaq, et dont elle estime la valeur actuelle nette à 2,3 milliards sur 25 ans.

Selon les résultats de l'évaluation économique préliminaire (EEP), la société de Vancouver a en main un gisement imposant de 4,7 millions de tonnes de terres rares.

Le gisement Ashram, sur la propriété Eldor, arrive deuxième au Québec, derrière les 7,7 millions de tonnes de Niobec au Saguenay. Surtout, il arrive tard dans la course à la mise en production de mines de terres rares pour attaquer l'actuel monopole chinois. Partout dans le monde, une foule de projets sont nés en réaction aux restrictions d'exportations de la Chine, mais le marché ne pourra pas tous les absorber. D'où l'avantage d'y gagner une place rapidement.

«Nous sommes un peu derrière la parade aujourd'hui, concède le président de Commerce, David Hodge, en entretien avec La Presse Affaires de Vancouver. Sauf que ce n'est pas vraiment où on est dans le peloton aujourd'hui qui compte, mais où on sera à la ligne d'arrivée!»

Même si la mise en production d'Ashram ne se fera au plus tôt que dans cinq ans, David Hodge croit que la taille du gisement convaincra d'éventuels partenaires (grands utilisateurs ou fonds souverains) d'investir dans son projet et de patienter un peu plus avant les premières livraisons.

Avec une teneur de coupure plus faible que dans l'EEP, donc en incluant dans l'équation des ressources dont la teneur en minerai est moins riche, Commerce a des ressources suffisantes pour soutenir 300 ans d'activités minières, avance M. Hodge. «Par sa simple taille, ce gisement est une menace pour les autres projets, soutient-il. Nous rattraperons notre retard très rapidement.»

L'EEP permet maintenant à l'entreprise d'aller cogner à la porte d'éventuels partenaires. Après Munich, la tournée se poursuivra ailleurs en Europe, puis en Asie.

Commerce prévoit produire 16 850 de tonnes de concentré par année et l'expédier par le port de Kuujjuaq, ce qui exigerait la construction d'un lien routier entre la mine à ciel ouvert et le port, une affaire de 204 millions.

C'est là que le Plan Nord pourrait jouer en faveur de la société. Québec étudie la possibilité de construire un lien ferroviaire ou routier de Kuujjuaq vers le sud, près de la propriété. Est aussi dans les cartons un projet de chemin de fer de la potentielle mine Lac Otelnuk, 85 km au sud, jusqu'à Sept-Îles. N'importe laquelle de ces options, même si elle impliquait que Commerce paie sa part des coûts, rendrait l'EEP encore plus solide, soutient David Hodge.

Le titre de Commerce Ressources (CCE) est resté stable hier au TSX Croissance, à 26 cents.