Les Montréalais ne voient pas souvent de mines, de barrages d'envergure ou de grandes coupes forestières. Mais ils pourront en apprécier la valeur. L'exploitation des ressources naturelles québécoises fera tomber sur Montréal des retombées de plus de 50 milliards de dollars au cours du prochain quart de siècle, d'après une étude dévoilée hier par la chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM).

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Que ce soit sur le territoire du Plan Nord ou ailleurs au Québec, les projets de ressources naturelles (énergie, mines, aluminium, foresterie) engendreront des retombées de 51,8 milliards et assureront plus de 14 000 emplois chaque année, selon l'analyse de la CCMM.

C'est le secteur minier qui fournira la plus grande part du gâteau, avec des retombées de 25,2 milliards pour la construction des mines et leur exploitation, pour près de 6200 emplois par année.

Le secteur de l'énergie n'est pas en reste. Le Plan Nord prévoit des investissements massifs de 47 milliards à ce chapitre, surtout pour l'hydroélectricité, auxquels il faut ajouter 9,6 milliards dans le sud de la province, principalement dans l'éolien. Montréal récoltera 16,2 milliards en retombées de ce programme énergétique.

La Chambre de commerce estime aussi que le secteur forestier reprendra le dessus dans les prochaines années, de sorte que Montréal en récoltera pour 5 milliards de bénéfices.

Enfin, Montréal, siège de Rio Tinto Alcan, verra des retombées de 4,7 milliards des projets d'expansion et de l'exploitation des alumineries.

Non à la transformation forcée

La manne est déjà importante, s'il faut en croire les prévisions de la Chambre, mais l'organisme soutient néanmoins qu'il faudra «maximiser les effets d'entraînement dans la chaîne de valeur».

En amont, les fournisseurs seront sollicités. Il s'agit là d'une excellente occasion pour relancer le secteur manufacturier, croit la Chambre. L'offre québécoise dans plusieurs secteurs ne permet pas de répondre à la demande actuelle des industries. C'est notamment le cas dans les produits chimiques, le matériel de transport ou certains types de produits métalliques.

En aval, «la présence de projets d'exploitation des ressources devra encourager la transformation de ces ressources». Mais pour le président de la Chambre, Michel Leblanc, pas question que le gouvernement force la main des producteurs miniers.

«On ne doit pas forcer une transformation non rentable, a-t-il expliqué en marge du dévoilement de l'étude. Ce n'est pas une recette pour bâtir des entreprises fortes. Il faut s'assurer que les entreprises ont accès aux ressources humaines, aux talents et au financement pour être compétitives. À la fin, ça doit rester une logique de marché.»

M. Leblanc a insisté en conférence de presse pour expliquer que si Montréal se tourne vers «le levier ressources naturelles», cela ne signifie pas qu'elle doive délaisser l'économie du savoir, déjà identifiée comme l'une des voies privilégiées du développement économique de la métropole.

Les deux ne s'opposent pas, affirme M. Leblanc, qui préconise plutôt un maillage entre économie du savoir et ressources (firmes de génie-conseil, innovations, centres de recherche).

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RESSOURCES: RETOMBÉES À MONTRÉAL SUR 25 ANS

RETOMBÉES / EMPLOIS - ANNÉE

MINES 25,2 MILLIARDS / 6191

ÉNERGIE 16,2 MILLIARDS / 5021

ALUMINIUM 4,7 MILLIARDS / 1000

FORÊTS 5 mILLIARDS / 1966

INFRASTRUCTURES DU NORD 602 mILLIONS / 157

TOTAL 51,8 MILLIARDS / 14 335

Note : Les emplois sont calculés selon le nombre d'emplois-année créés ou maintenus

Source : Chambre de commerce du Montréal métropolitain