Le géant suisse des matières premières Glencore a mis fin mardi au suspense entourant le rachat du groupe canadien Viterra (T.VT), en faisant une offre de 6,1 milliards de dollars canadiens sur le spécialiste des produits agricoles.

Les groupes ont conclu un accord définitif prévoyant que Glencore rachète l'ensemble des titres émis et en circulation de Viterra pour 16,25 dollars canadiens par titre en numéraire, ont précisé Glencore et Viterra dans un communiqué commun.

Ce montant représente une prime de 48% par rapport au prix de clôture de l'action Viterra à la Bourse de Toronto le 8 mars, au lendemain de l'annonce par Viterra que ce dernier avait reçu une proposition de rachat.

Pour Chris Mahoney, directeur des produits agricoles chez Glencore, il s'agit d'«une offre convaincante» pour les actionnaires de Viterra, qui a dégagé l'année dernière un bénéfice net de 265 millions de dollars pour un chiffre d'affaires de 11,8 milliards.

L'opération a été approuvée par la direction de Viterra et l'actionnaire principal Alberta Investment, qui détiennent ensemble 16,5% des titres.

Sur le plan industriel, Viterra est «complémentaire» à l'activité de Glencore, qui manque encore d'une assise au Canada et en Australie, a plaidé M. Mahoney. «Tout est complémentaire, non seulement en termes géographiques», mais aussi en ce qui concerne les produits, a-t-il assuré.

La société de Baar, dans le centre de la Suisse, est présente dans le secteur agricole avec d'importants actifs notamment dans le coton, le tournesol, le blé et le sucre.

Viterra détient quant à lui une large gamme de semences, d'engrais, d'équipements et même de solutions financières pour le secteur agricole. Le groupe canadien est également actif dans la laine en Nouvelle-Zélande. En Amérique du Nord, il est présent dans la transformation de céréales et de malt. Il est aussi le troisième plus grand producteur de pâtes sèches en Amérique du Nord.

Le producteur d'engrais canadien Agrium et la maison de courtage canadienne Richardson vont par ailleurs acquérir la majorité des actifs canadiens de Viterra et d'autres actifs pour environ 2,6 milliards de dollars canadiens en numéraire.

Le rachat de Viterra, qui devrait obtenir sans problème l'aval des autorités de la concurrence selon M. Mahoney, sera entièrement financé par les ressources financières de Glencore et les lignes de crédit disponibles.

Confirmant des informations dans la presse, le groupe canadien avait annoncé lundi mener des «négociations exclusives» avec un acquéreur potentiel, dont il n'avait pas dévoilé l'identité.

Le PDG de Viterra, Mayo Schmidt, a indiqué lors d'une conférence de presse téléphonique que ce rachat était l'aboutissement de nombreux mois de négociations, pendant lesquels le groupe canadien a été approché par de nombreux acquéreurs.

Selon le Financial Times, les courtiers en grain américains Archer Daniels Midland (ADM) et Bunge étaient également sur les rangs, tandis que le poids lourd de l'agroalimentaire américain Cargill aurait renoncé à entrer dans la course.

L'intérêt pour le groupe canadien s'est renforcé après la décision d'Ottawa en décembre de mettre fin au monopole historique de la Commission du blé, la plus importante agence de commercialisation du blé du monde avec 10% des ventes planétaires. Cette mesure pourrait doper les profits de négociants en céréales.

À la Bourse de Toronto, l'annonce de l'opération a fait reculer le cours de Viterra de 0,50% à 15,89 dollars canadiens, dans un marché en baisse de 0,51% vers 10h45, tandis que l'action Glencore cédait 2,03% à 411,90 pence dans un marché en recul de 1,23%.