Le Saguenay commence à réaliser que la présence des deux géants industriels Rio Tinto Alcan et Produits forestiers Résolu sur son territoire ne suffit plus à assurer son avenir.

Résolu est en mode survie et Rio Tinto Alcan ne crée plus d'emplois malgré des investissements massifs.

«Nous, on pense qu'il faut faire autre chose», dit Jean Tremblay. Le maire de la ville de Saguenay remue ciel et terre pour attirer de nouvelles entreprises dans son coin de pays. Et il réussit, comme le prouvent deux implantions récentes. Le fabricant français d'avions Cobalt (comme des Cessna, mais plus beaux, dit le maire) et Discovery Air, qui fabrique des équipements pour le secteur de l'aéronautique, ont accepté de s'installer dans la région.

Jean Tremblay ne veut plus faire de batailles qu'il ne peut pas gagner. «Rio Tinto est une entreprise dynamique, on est bien contents de l'avoir, dit-il. Mais plus ils investissement, moins il y a d'emplois. On ne peut pas se battre contre ça. C'est la vie.»

Dans le secteur de la forêt, c'est la crise. Jean Tremblay en a pris son parti. «C'est une crise mondiale et ce n'est pas la ville de Saguenay qui va changer les données.»

On dirait que la région commence à s'affranchir du pouvoir des grandes entreprises. Personne n'a versé une larme quand le gouvernement du Québec a décidé de retirer à Résolu ses droits hydrauliques sur la centrale Jim-Gray.

Le maire Tremblay est de ceux qui pensent qu'Abitibi ne doit plus faire payer les citoyens pour ses erreurs. «Le journal ne se vend plus? Tout le monde sait ça. Ma grand-mère le sait. Et on dirait qu'ils apprennent ça à matin», dit-il à propos des dirigeants de l'entreprise qui a longtemps fait la pluie et le beau temps dans la région.

Cette époque est révolue, assure le maire. «On a les ressources, mais on est habitués d'attendre après les grandes entreprises. Elles nous en laissent un peu, mais pas assez. Là, on est en train de se réveiller».

Malgré la crise chez Résolu et le lock-out qui s'éternise à l'usine de Rio Tinto Alcan à Alma, le maire Tremblay a des raisons de se réjouir. Le taux de chômage régional, à 8,3%, était inférieur à la moyenne québécoise (8,4%) en début d'année.

Et la population se stabilise. «Avant, il partait un autobus de jeunes par semaine, rappelle-t-il. Statistique Canada avait prévu que la région se viderait, comme la Gaspésie».