Malgré la hausse des redevances, la longue gestation de la réforme minière et la colère qu'elle suscite chez les entreprises, le Québec garde sa place dans le top 5 des meilleurs endroits pour y faire des affaires, d'après le dernier sondage annuel des sociétés minières publié jeudi par l'Institut Fraser.

Le Québec, meneur du palmarès de 2007 à 2010, glisse cette année de la quatrième à la cinquième place, ce qui fait dire à l'Institut Fraser, groupe de recherche national en politiques publiques, que «la réputation du Québec auprès de l'industrie minière est en déclin».

Pourtant, le Québec reste parmi les territoires préférés des 802 dirigeants de sociétés d'exploration et de développement sondés par l'Institut. Ils sont 205 à mentionner le Québec comme le territoire qui affiche les politiques les plus favorables à l'industrie minière, loin devant le Chili, deuxième à ce chapitre avec 106 mentions.

Tendance inquiétante

Selon l'indice composé de l'enquête, qui sert à établir le classement final, le Québec est cinquième sur 93 États, et troisième parmi les provinces et territoires canadiens derrière le Nouveau-Brunswick, premier au total, et l'Alberta, troisième. «Ce n'est pas une chute vertigineuse», convient Jean-François Minardi, directeur associé au Centre mondial de recherche sur les ressources naturelles de l'Institut Fraser.

M. Minardi s'inquiète néanmoins. «La réputation du Québec n'est pas complètement entachée, mais ce qui m'inquiète un peu, c'est la tendance, de perdre une place chaque année ou même ensuite, un effondrement, explique-t-il à La Presse Affaires. Une fois que la réputation est perdue, comme ce fut le cas en Colombie-Britannique, c'est très difficile de revenir, ça prend des années.»

Derrière cette glissade du Québec se cache la hausse-surprise des redevances (de 12 à 16% des profits) dans le budget 2010-2011. Mais c'est principalement l'article 91 de la réforme de la loi sur les mines qui dérange l'industrie minière. Cet article donne aux municipalités et MRC un pouvoir sur l'activité minière dans certaines parties de leur territoire. Les sociétés d'exploration affirment que cette mesure torpillera leur industrie et fera fuir les investisseurs parce qu'elle augmentera le niveau d'incertitude pour beaucoup de projets.

Selon Jean-François Minardi, la prise de conscience des investisseurs internationaux peut prendre un certain temps et des impacts plus importants sur la réputation du Québec pourraient se faire sentir davantage dans les prochaines enquêtes de l'Institut.

En même temps, note M. Minardi, le Plan Nord suscite l'intérêt des investisseurs. «Sans le Plan Nord, il y aurait un déclin plus important de la position du Québec», avance-t-il.

L'indice composé de l'Institut comprend notamment les perceptions des répondants sur le potentiel minéral, les politiques minières, les règles environnementales, les impôts et taxes, la stabilité politique, et les relations avec les communautés. La Finlande (deuxième) et le Wyoming (quatrième) complètent le top 5.

De passage à Montréal pour une allocution au Conseil des relations internationales de Montréal, le président désigné de l'Association canadienne des prospecteurs et entrepreneurs miniers, Glenn Nolan, a indiqué que le Plan Nord était perçu dans le reste du Canada comme une indication sur la manière de développer le Nord. Il n'a fait aucun commentaire sur la réforme minière québécoise, disant ne pas être au fait des détails.