Hydro-Québec alimentera en électricité les entreprises qui investiront dans le nord du Québec, mais il n'est pas question de vendre cette énergie à perte, a assuré hier le premier ministre Jean Charest.

«On prévoit une formule qui fait en sorte que le gouvernement va développer des projets qui peuvent être en lien avec des minières, a-t-il précisé. Dans ce cas-là, il faudra payer le prix que ça coûte plus une marge, plus un profit.»

M. Charest était l'invité de la Chambre de commerce de Montréal hier, où il a défendu son Plan Nord qui a été critiqué de toutes parts récemment, notamment par l'ancien premier ministre Jacques Parizeau.

Celui-ci s'inquiétait surtout de voir les entreprises minières profiter d'un «bar ouvert» d'infrastructures payées par les fonds publics, notamment des centrales hydroélectriques et des lignes de transmission reliées à leurs installations.

Il n'est pas du tout question de ça, a répliqué hier Jean Charest. «En développant ces ressources-là, on va vendre l'énergie a un bon prix pour faire un profit, a-t-il assuré. Il n'est pas question de subventionner, il n'en a jamais été question, jamais, jamais.»

Jean Charest estime que Jacques Parizeau se trompe quand il dit qu'Hydro-Québec vendra cette énergie moins cher que ce qu'elle coûte à produire. «Je ne sais pas où il prend ça. Ce n'est pas ce que le Plan Nord dit et nulle part nous avons fait de projets où on vend en bas du coût.»

Au sud, les alumineries bénéficient du tarif L qui, à 4,3 cents le kilowattheure, est deux fois moins élevé que ce que coûte la nouvelle production.

Selon M. Charest toutefois, il n'est pas question de faire payer le tarif L aux entreprises qui investissent dans le Grand Nord.

Dans le Plan Nord, le gouvernement s'est engagé à développer 3500 mégawatts d'énergie supplémentaire, dont 3000 mégawatts d'hydroélectricité. Le document parle d'investissements requis de 25 milliards de dollars, mais, selon le premier ministre, ce sont 47 milliards qui seront investis pour développer le potentiel énergétique du territoire visé par le Plan Nord.

Les attentes des entreprises sont grandes. Déjà, Oceanic Iron Ore a demandé que sa future mine située près du village d'Aupaluk, à 600 kilomètres au nord des installations hydroélectriques de la Baie-James, soit alimentée en électricité par Hydro-Québec.

Hydro-Québec n'a pas voulu préciser hier ses projets dans le Grand Nord. Son président, Thierry Vandal, a déjà indiqué que l'utilisation du diesel coûte au moins 50 cents le kilowattheure aux entreprises minières. Hydro pourrait développer des projets rentables à meilleur coût, selon lui.

Plan Sud

Devant plus d'un millier de personnes qui se sont levées pour l'applaudir à la fin de son discours, le premier ministre Charest a affirmé que les investissements réalisés dans le cadre du Plan Nord auraient des retombées partout au Québec. Il a donné l'exemple d'Alstom, qui construit des turbines hydroélectriques à Verchères, où les employés bénéficieront des investissements énergétiques dans le Nord.

M. Charest a aussi insisté sur le fait que le Québec est prêt à investir dans des projets jugés stratégiques pour accroître les retombées pour les Québécois. Investissement Québec aura 500 millions à investir, et cette enveloppe pourrait augmenter, a-t-il laissé entendre.

«Il y a un certain nombre de projets sur la table et ils ne sont pas tous du domaine public.» Le premier ministre affirme que certains d'entre eux sont liés à la transformation des ressources.

Les personnes qui critiquent le Plan Nord craignent que le minerai soit expédié à l'état brut en Chine ou ailleurs sans avoir subi de transformation qui pourrait en augmenter la valeur pour le Québec.

Jean Charest croit que le Plan Nord aiderait le Québec et le Canada à affirmer leur souveraineté sur le passage du nord-ouest, qui est sur le point de devenir une nouvelle route maritime entre l'Europe et l'Asie. «L'occupation du territoire est extrêmement importante pour affirmer sa souveraineté, estime-t-il. Derrière ça se cache un autre enjeu qui est la propriété des ressources dans ce coin-là de la planète.»