Le ministre fédéral des Ressources naturelles, Joe Oliver, est outré que des députés du Nouveau Parti démocratique (NPD) se rendent à Washington pour faire valoir leurs inquiétudes au sujet du projet d'oléoduc Keystone, affirmant que les parlementaires ne devraient pas dénigrer le Canada à l'extérieur du pays.

Dans une sortie fort remarquée, mardi, en Chambre, le ministre a déclaré - le visage crispé - que le comportement de l'opposition officielle est une «honte». Il est ensuite sorti des Communes - lors d'une rare occasion- pour réitérer ses doléances à l'égard du NPD auprès des journalistes.

L'entreprise de Calgary TransCanada veut construire un oléoduc qui transporterait les sables bitumineux de l'Alberta jusqu'aux raffineries du Texas, en traversant plusieurs États américains. L'oléoduc Keystone XL projeté a soulevé des critiques tant aux États-Unis qu'au Canada, et le département d'État américain vient de reporter son approbation à 2013.

Selon le ministre Oliver, les néo-démocrates ne devraient pas se rendre aux États-Unis pour «critiquer un projet qui est fondamental pour les emplois et l'économie canadienne».

M. Oliver note que la société canadienne est «ouverte et libre», et que les citoyens peuvent dire ce qu'ils veulent. Mais il a ajouté du même souffle que ce n'est pas la place de l'opposition de se rendre à Washington pour critiquer le Canada.

«Je crois que les parlementaires devraient concentrer leurs critiques au Canada, et non pas se rendre à l'étranger pour dénigrer l'économie et miner nos perspectives économiques.»

Ce voyage ne sert pas le pays, a-t-il ajouté. «Ce dont on parle ici, c'est d'un projet extrêmement important qui va générer des emplois pour les Canadiens, et je trouve cela horrifiant que le NPD puisse ainsi miner nos intérêts économiques de cette façon», a déploré M. Oliver.

Il croit que la démarche néo-démocrate pourrait donner des munitions à ceux qui veulent stopper un projet qui est dans «l'intérêt national canadien».

Confronté et apparemment pris au dépourvu par des journalistes qui lui ont fait valoir que Stephen Harper s'était déjà rendu aux États-Unis alors qu'il était chef de l'opposition pour critiquer le gouvernement canadien - notamment sur l'Irak -, M. Oliver a simplement répliqué qu'il ne croyait pas que c'était le cas.

Mardi matin, les députés néo-démocrates Megan Leslie et Claude Gravelle ont annoncé qu'ils se rendaient le jour même à Washington pour dire aux Américains que bon nombre de politiciens canadiens sont partagés au sujet de l'oléoduc Keystone.

Mme Leslie, porte-parole du NPD en matière d'environnement, a affirmé qu'elle et son collègue allaient rencontrer des sénateurs et des représentants du Congrès qui sont intéressés à entendre une autre version des faits sur l'oléoduc.

Elle affirme qu'il s'agit là d'une occasion de développer des liens avec les décideurs américains pour partager leurs préoccupations respectives et échanger des idées. Elle affirme vouloir un plan, une vision canadienne pour le développement des combustibles fossiles d'une façon qui serait durable et qui respecterait l'environnement.

Le NPD n'a pas voulu répliquer aux propos du ministre Oliver. Les néo-démocrates estiment avoir établi l'essentiel de leur position lors de leur point de presse matinal.