Boralex n'aime pas le printemps et ce n'est pas cette année qui lui fera changer d'idée. Cette saison où les ménages ferment le chauffage et n'ont pas encore actionné le climatiseur génère toujours un creux pour le producteur québécois d'énergie renouvelable, ce qui s'est encore produit en 2011.

Boralex a fini le trimestre dans le rouge, accusant des pertes de 5,1 millions, soit davantage que les 4,7 millions du printemps dernier. L'action a perdu 44 cents ou 5,58% pour clôturer à 7,45$, hier, dans un marché en baisse généralisée.

Derrière les chiffres se cache un méli-mélo de bonnes et moins bonnes nouvelles pour Boralex. Les éoliennes ont relativement bien tourné et les pluies abondantes qui ont fait pester tout le monde ont permis d'alimenter à plein les centrales hydroélectriques de l'entreprise.

Les centrales thermiques qui brûlent des résidus de bois ont toutefois beaucoup souffert de la baisse des prix aux États-Unis, générant des revenus en berne de plus de 45% par rapport à l'an dernier. Une centrale, celle d'Ashland, a même dû être arrêtée parce qu'on peinait à obtenir un contrat de vente pour l'électricité produite.

«Il y a eu beaucoup de pression sur le marché, mais on pense que ça devrait se redresser à l'automne ou à l'hiver prochain», a expliqué Patricia Lemaire, directrice aux affaires publiques et communications.

«Je ne pense pas que ça puisse aller plus mal que maintenant dans les résidus de bois», dit aussi Pierre Lacroix, analyste chez Valeurs mobilières Desjardins, qui croit que le secteur finira par reprendre du poil de la bête et que Boralex en profitera.

Les résultats dévoilés hier sont largement influencés par l'acquisition du Fonds de revenu Boralex énergie, une fiducie de revenu, rachetée par Boralex l'an dernier, qui gérait 10 centrales électriques.

L'apport de ces nouvelles centrales aux résultats de Boralex a permis de gonfler les revenus du secteur éolien de 65% et de multiplier par sept ceux du secteur hydroélectrique. La transaction a toutefois généré des frais de financement de 9,4 millions qui ont largement contribué à plonger les résultats du trimestre dans le rouge.

Dans l'éolien, Boralex note que le vent souffle bien sur ses éoliennes canadiennes, mais continue de se faire moins fort que prévu en France. Un mystère météo qui dure depuis deux ou trois ans et contre lequel l'entreprise ne peut pas grand-chose, a dit Mme Lemaire.

Projets de croissance

Boralex a aussi profité du trimestre pour démarrer la construction des premiers parcs éoliens du projet de la Seigneurie de Beaupré, dans Charlevoix, un mégaprojet de 366 mégawatts dans lequel elle détient une participation de 50%.

«L'éolien, c'est vraiment notre secteur fort, et le pourcentage de ces activités va grimper au sein de l'entreprise», dit Mme Lemaire.

Dix des douze analystes répertoriés par l'agence Bloomberg recommandent l'achat de l'action de Boralex, contre deux qui suggèrent de la conserver. Prix cible moyen: 11,43$ d'ici un an.

«Le rapport risque contre rendement est excellent. Il y a peu de risques de baisse et beaucoup de projets de croissance, et la société a un bon bilan pour les mettre en place», a résumé Pierre Lacroix, analyste chez Desjardins.