Les fortes pluies qui ont marqué le printemps dans le sud du Québec ont nui aux travaux et aux cultures de beaucoup de producteurs agricoles. Le nombre d'avis de dommages transmis à la Financière agricole pour la première mi-saison est 30 % plus élevé que la moyenne des cinq dernières années.

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Cela laisse présager des rendements plus faibles à la fin de l'année et des compensations plus importantes à verser par le programme d'assurance récolte, financé à 40 % par les producteurs et à 60 % par les gouvernements.

En date du 4 juillet, les agriculteurs ont présenté 2627 avis de dommages à la Financière agricole, dont la moitié causée par les excès de pluie, révèle le rapport sur l'état des cultures dévoilé hier par l'organisme. La Financière a versé des indemnités de 1,1 million de dollars jusqu'à maintenant, 25 % de plus que la moyenne 2006-2010 pour la première moitié de l'année.

Les producteurs de grandes cultures (maïs-grain et céréales) ont connu le début de saison le plus difficile. Ils ont présenté trois fois plus d'avis de dommages (1500) qu'à la même date l'an dernier et ont reçu 13 fois plus d'indemnités (323 500 $).

«La situation en avril et en mai a été exceptionnelle, voire historique, quant à la durée, à la fréquence et à la quantité des précipitations reçues, conjuguées à la fonte des neiges, explique la Financière. Le sud du Québec a été touché par deux fois plus de dépressions météorologiques que la normale.» Toutes les régions ont été touchées, sauf l'Abitibi et le Saguenay - Lac-Saint-Jean.

Rendements à la baisse

Les pluies ont retardé les semis, dans certains cas de plus d'un mois. Au début du mois de juin, moins de la moitié des terres avaient été semées. Il paraît de plus en plus évident que le rendement des récoltes sera à la baisse.

«Les retards obligent les producteurs à semer des variétés de maïs à saison de croissance plus courte, qui offrent généralement de moins bons rendements», explique le conseiller aux affaires agronomiques de la Fédération des producteurs de cultures commerciales du Québec, Salah Zoghlami.

Dans ces circonstances, les producteurs sont tentés d'effectuer des travaux supplémentaires pour aider la culture, ce qui leur occasionne des coûts supplémentaires. En plus, quand les semis sont tardifs, les plantes ont moins de vigueur et sont plus vulnérables aux ravageurs.

Juin plus beau

Au moins, après deux mois atroces, le mois de juin a été très beau et marqué par des températures plus chaudes. «Ces conditions ont permis de terminer les semis et les plantations des cultures annuelles dans les dates limites», observe la Financière agricole. Il est toutefois trop tôt pour se prononcer sur l'impact réel que ce mois va avoir sur les rendements, estime Mme Zoghlami.

Par ailleurs, les agriculteurs affectés par les inondations dans le Haut-Richelieu ont déposé 98 avis de dommages dans la première moitié de l'année. Les indemnités versées pour cette situation particulière frôlent les 300 000 $. Rappelons que 2000 hectares de terres ont été submergés et 800 n'ont pu être semés. Les crues extraordinaires ont également détruit plusieurs cultures maraîchères.

La très grande partie des indemnités de l'assurance récolte seront déterminées plus tard, quand on connaîtra les résultats finaux des récoltes, l'automne prochain.

Sirop d'érable: deux extrêmes

Les producteurs de sirop d'érable, de leur côté, ont touché deux fois moins d'indemnités que l'an dernier (340 000 $) à pareille date.

L'an dernier, les acériculteurs avaient produit 88 millions de livres de sirop. En raison de la chaleur, des producteurs ont manqué la récolte excessivement hâtive, rappelle Jean-Pierre Bellegarde, économiste à la Fédération des producteurs acéricoles du Québec.

En 2011, pour le même nombre d'entailles, les producteurs ont récolté 102 millions de livres. Grâce à un printemps froid, les producteurs ont pu compter sur une coulée de fin de saison qui est venue gonfler la production.

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EN CHIFFRES

+30%

Augmentation des avis de dommages, par rapport à la moyenne des cinq dernières années

1,1 million

Indemnités versées par l'assurance récolte au 4 juillet

1700 hectares

Superficie de terres submergées par les crues du Richelieu et couvertes par l'assurance récolte

13

Les producteurs de céréales ont reçu 13 fois plus d'indemnités que l'an dernier